Brahim Ghali : la justice espagnole classe l’affaire et acquitte l’ex-ministre Arancha González Laya

Le tribunal de grande instance de Saragosse a décidé le 26 mai de classer l’affaire concernant l’entrée illégale en Espagne du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, et de dégager l’ancienne ministre des Affaires étrangères Arancha González Laya de toute responsabilité pénale.

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L'ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, en octobre 2020. Crédit: Andre Pain / POOL / AFP

Pour le tribunal de Saragosse, “il n’y a aucune indication à l’appui de la conclusion selon laquelle (González Laya) était au courant de l’existence d’un intérêt judiciaire dans cette personne (Ghali)”.

La décision de la Cour provinciale a ainsi approuvé l’appel du bureau du procureur de l’État visant à relaxer l’ancienne ministre, car il s’agissait d’une décision politique relevant “d’un acte politique ou gouvernemental qui ne peut être transcendé dans une procédure pénale”.

Le tribunal souligne que le juge d’instruction a “clairement établi” que González Laya avait délégué à son ancien chef de cabinet les pouvoirs d’organiser l’opération de transfert de Brahim Ghali de la base aérienne de Saragosse à l’hôpital de Logroño, pour des soins liés à son infection au coronavirus, mais exclut qu’ils aient eu connaissance de l’existence d’une réquisition de l’Audiencia Nacional contre le patient.

Un accueil purement “humanitaire”

Lors d’une interview sur Onda Cero et Cadena Ser, rapportée par l’agence de presse espagnole EFE, l’ancienne ministre des Affaires étrangères a déclaré ce vendredi qu’elle accueillerait à nouveau, s’il le fallait, le présumé leader du Front Polisario, Brahim Ghali, pour des raisons “humanitaires”. Pour Arancha González Laya, cette décision politique traduit conformément l’esprit humanitaire de l’Espagne et du peuple espagnol, estimant donc que “la décision ne doit pas être réglée par les tribunaux, mais par le Parlement”.

Pour rappel, le chef du Polisario était arrivé le 18 avril sous l’identité de Mohammed Ben Batouche, à bord d’un avion médicalisé sans passer par les contrôles aux frontières. Une fois à Saragosse, il avait été transféré à l’hôpital San Pedro de Logroño, admis pour un cas de Covid sévère.

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Sa présence en Espagne avait déclenché une crise diplomatique entre Madrid et Rabat, qui avait eu pour point culminant l’arrivée de plus de 10.000 migrants dans l’enclave espagnole de Sebta, en mai 2021. Rabat avait exprimé son “exaspération” et réclamé une enquête “transparente” sur l’entrée “frauduleuse” de Brahim Ghali en Espagne, en affirmant que le chef du Polisario avait voyagé “avec des documents falsifiés et une identité usurpée”. Madrid avait rétorqué, lors du retour de Brahim Ghali en Algérie début juin, que le chef du Polisario “disposait de papiers d’identité en son nom avec lesquels il était entré en Espagne”.