Sri Lanka : le Premier ministre démissionne après des attaques menées par ses partisans

Ce 9 mai, le Premier ministre sri-lankais, Mahinda Rajapaksa, a démissionné après de violents affrontements entre ses partisans et des manifestants antigouvernementaux qui ont fait 78 blessés, a déclaré son porte-parole.

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Des manifestants déguisés, notamment avec le masque du Premier ministre du Sri Lanka, Mahinda Rajapaksa, le 18 mars 2022, à Colombo. Ce dernier a annoncé le 9 mai sa démission. Crédit: AFP

Le dirigeant de 76 ans a adressé sa lettre de démission à son frère cadet et président Gotabaya Rajapaksa, ouvrant ainsi la voie à un “nouveau gouvernement d’unité”, a déclaré son porte-parole Rohan Weliwita.

Des milliers de loyalistes du camp de Gotabaya Rajapaksa et de son frère, armés de bâtons et de matraques, ont attaqué les manifestants qui campent devant le bureau du président depuis le 9 avril. Les forces de police ont annoncé qu’Amarakeerthi Athukorala, un député du parti au pouvoir, avait été tué dans les heurts, sans donner plus de détail.

Un couvre-feu d’une durée indéterminée

Un peu plus tôt ce lundi, à Temple Tree, dans sa résidence toute proche du bureau présidentiel, Mahinda Rajapaksa avait promis de “protéger les intérêts de la nation” à quelque 3000 de ses partisans, venus depuis des zones rurales. En sortant, ils s’étaient attaqués aux manifestants qui campaient devant le bureau du président depuis le 9 avril, incendiant leurs pancartes et calicots.

Un couvre-feu immédiat d’une durée indéterminée a été décrété par la police lundi à Colombo, capitale du Sri Lanka, avant d’être étendu au reste de l’île.

La police a tiré des gaz lacrymogènes et a fait usage de canons à eau après que les partisans du gouvernement eurent franchi les rangs des policiers pour détruire les campements de milliers de manifestants anti-gouvernementaux qui exigent le départ du président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa.

Les attaques ont fait au moins 78 blessés, a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’hôpital, Pushpa Soysa.

“Nous condamnons les violences perpétrées aujourd’hui contre des manifestants pacifiques et demandons au gouvernement de procéder à une enquête approfondie, à l’arrestation et la poursuite en justice de toute personne ayant incité à la violence”, a déclaré l’ambassadrice des États-Unis au Sri Lanka, Julie Chung, sur Twitter, appelant “au calme et à la retenue sur l’île”.

Le Sri Lanka au bord du gouffre

Le Sri Lanka subit une politique imprudente de dix ans. Depuis des mois, l’île de 22 millions d’habitants subit de graves pénuries de produits alimentaires, de carburant et de médicaments. Les attentats, le Covid et la crise ukrainienne ont achevé un modèle déjà accablé par un endettement massif estimé à 51 milliards de dollars, dont 31 milliards de dette extérieure publique.

S’ajoutent aussi l’insécurité alimentaire et, enfin, la pandémie de Covid-19 qui a porté un coup de grâce au secteur touristique et fait revenir des expatriés au pays, asséchant les rentrées de devises étrangères. À la sortie de la crise sanitaire, la situation financière du pays était suffisamment critique pour inciter le gouvernement à demander d’urgence l’aide du Fonds monétaire international.

La population, quant à elle, manifeste depuis plusieurs semaines, reprochant aux frères Rajapaksa au pouvoir d’avoir précipité le pays dans cette crise, et exige leur démission.