Il s’appelait Zakaria, il avait 20 ans. Dans une diffusion en direct sur Facebook le 3 mars, le jeune homme s’est suicidé en se disant victime d’injustice.
Selon sa version, Zakaria aurait été violemment agressé par deux individus travaillant dans le même marché (Lahraouine, à Casablanca). Alors qu’il venait de louer le chariot numéro 26, ces deux individus l’ont pris pour un nouveau concurrent, puisqu’ils exploitaient le même chariot dont le propriétaire avait été arrêté.
Dans sa vidéo, Zakaria a déclaré avoir porté plainte contre ses agresseurs, le 1er mars, au poste de police de Lahraouine. Une plainte accompagnée d’un certificat médical attestant d’une incapacité de travail de 21 jours. Les deux agresseurs ont été arrêtés, mais l’un d’eux a finalement été poursuivi en état de liberté après avoir versé des pots-de-vin.
“J’ai demandé à la police de voir les enregistrements des caméras de surveillance du marché et de convoquer l’un des agents de force publique qui m’a retiré des mains de ces agresseurs, comme témoin de ce qui s’est passé, pour qu’il confirme ma version des faits, mais en vain, a-t-il poursuivi. Lorsque je suis retourné au poste de police afin de récupérer le récépissé de dépôt de plainte, des agents de police m’ont fouillé sans raison et m’ont insulté avec des termes à connotation sexuelle, avant que le récépissé ne me soit retiré.”
À la fin de sa vidéo diffusée en direct, Zakaria verse un liquide inflammable sur son corps, son accompagnant tentant de l’en dissuader. Son corps s’embrase au milieu des cris des clients du café dans lequel il était assis, avant que la diffusion ne soit coupée.
Clarifications de la DGSN
Selon un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), “les propos des accusés ont été recueillis dans des procès-verbaux judiciaires, le parquet compétent a été ensuite informé des circonstances de l’affaire et des développements de l’enquête, et il a émis ses instructions pour placer l’un des détenus en garde à vue après qu’il a été pris en possession d’un morceau de chira, le second suspect étant présenté en état de liberté le 4 mars”.
“Les services de la Sûreté nationale se sont déplacés de nouveau au marché de gros au poisson, sur les lieux de l’incident, et ont mené une enquête de terrain sur les circonstances du litige, qui était dû au droit d’exploiter une brouette tractée à l’intérieur du marché, les propos de quatre témoins ont également été recueillis, confirmant les mêmes données, avant que les accusés ne soient de nouveau déférés devant le parquet compétent une seconde fois le 5 mars”, ajoute le communiqué.
“La Direction générale de la sûreté nationale a dépêché une commission centrale d’inspection pour vérifier les allégations imputées à ses employés, afin de permettre à ces services d’établir les mesures juridiques et administratives nécessaires en cas d’éventuelle transgression présumée constatée”, a conclu le communiqué.