Lycée Khadija de Tétouan : un enseignant accusé de pédocriminalité arrêté

Un professeur d’arabe du lycée Khadija de Tétouan a été arrêté et placé en détention provisoire le 14 mars après qu’une plainte pour agression sexuelle sur mineure, exploitation sexuelle de mineures et harcèlement a été déposée. Il aurait agressé plusieurs lycéennes de cet établissement pour filles.

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Une nouvelle affaire d’agression sexuelle dans un établissement scolaire vient faire écho à la récente déflagration #MeTooUniv. Les faits concernent cette fois-ci un lycée pour filles de Tétouan, où un professeur d’arabe aurait agressé et harcelé sexuellement plusieurs lycéennes, dont des mineures.

“L’une de ses victimes, ‘M’, que nous accompagnons, a porté plainte aujourd’hui auprès du procureur général de Tétouan sur le fondement des articles 485 et 487 du Code pénal (agression sexuelle sur mineur par une personne ayant autorité sur lui), mais aussi 503-2 (exploitation sexuelle de mineurs) et 503-1 (harcèlement). Au Collectif 490, nous suivons de très près ce dossier et nous nous constituerons partie civile”, détaille le collectif sur ses réseaux sociaux. Le collectif aurait d’ailleurs reçu plus d’une dizaine de récits de victimes de ce professeur.

Administration complice

“Bien que les étudiantes aient reporté les agissements du professeur, l’administration n’a rien fait”, précise le collectif dans sa publication du 4 mars révélant l’affaire. Les victimes auraient décidé d’accrocher un appel à témoignages dans l’école, mais aussi dans les rues et les bus de la ville. “On est allées voir le directeur, mais il ne nous a pas crues. Il nous a dit que c’était un ‘ancien’ professeur, que ce n’était pas possible”, témoigne l’une des lycéennes.

“On est allées voir le directeur, mais il ne nous a pas crues. Il nous a dit que c’était un ‘ancien’ professeur, que ce n’était pas possible”

Une lycéenne

Une autre jeune fille ayant été témoin des agissements de l’agresseur confirme à TelQuel que plusieurs de ses camarades avaient alerté la direction : “Elles sont allées se plaindre à plusieurs reprises, mais il est resté en poste, personne n’a écouté les étudiantes.” Celle qui en connaît personnellement quatre, dont trois mineures, précise qu’une vidéo a été transmise à la police lors du dépôt de plainte.

Sur le compte Instagram du Collectif 490, l’une des victimes, qui souhaite garder l’anonymat, témoigne : “Il venait nous prendre la main et nous disait ‘Vos mains sont douces, délicates et si petites… j’aimerais me marier avec une fille de votre âge, car ma femme ne me donne plus ce que je désire’.”

Et d’ajouter : “Il me disait tout le temps que j’étais jolie, et que les vêtements courts m’allaient bien.” Contactée par TelQuel à dix reprises, la direction n’a pas répondu. Depuis le début de l’affaire, une dizaine de filles auraient contacté Moroccan Outlaws pour raconter le harcèlement qu’elles ont subi. Un effet boule de neige qui a eu des conséquences.

Pressions

Le professeur a en effet été placé en détention provisoire le lundi 14 mars, soit dix jours après la plainte. Pour autant, les victimes ne se sentent pas rassurées : “Elles disent subir des pressions de la part de la famille de l’enseignant poursuivi, mais aussi du représentant de l’autorité locale (Mqadem) pour les pousser à retirer leur plainte”, explique le Collectif 490 sur Twitter, précisant que “les victimes sont déterminées à faire valoir leurs droits et font confiance à la justice pour cela”.

“Elles disent subir des pressions de la part de la famille de l’enseignant poursuivi, mais aussi du représentant de l’autorité locale (Mqadem) pour les pousser à retirer leur plainte”

Collectif 490

Peu après l’onde de choc #MeTooUniv, lancée par Moroccan Outlaws 490 et 7achak, Sonia Terrab alertait sur le phénomène du harcèlement sexuel dans les écoles : “Ça ne concerne pas que les universités, les témoignages qu’on a reçus concernent aussi les lycées, les collèges et même l’école primaire, donc on est aussi dans des cas de pédocriminalité avérée, on n’est plus dans le harcèlement sexuel, ça va plus loin”, expliquait alors la co-fondatrice du Collectif 490.

Et d’insister sur la situation particulièrement vulnérable des écolières et lycéennes : “Ce sont des enfants, et le professeur fait figure d’autorité. Il est donc d’autant plus difficile pour elles d’en parler, d’où la nécessité d’une plus forte sensibilisation auprès des établissements, mais aussi des parents.” Une cellule d’écoute a été mise en place par le collectif, proposant ainsi un espace de parole sécurisant aux nombreuses victimes, qui osent aujourd’hui dénoncer le harcèlement qu’elles subissent.