Younes Sekkouri : “Ce projet de loi est une avancée majeure pour le droit de grève au Maroc”

Dans une interview exclusive accordée à TelQuel, Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences, revient sur les défis liés au projet de loi sur la grève. Il évoque les nouveautés introduites par ce texte, la place des syndicats dans sa mise en œuvre, ainsi que les enjeux de 2025 pour consolider les acquis et élargir les opportunités.

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Younes Sekkouri, ministre de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences. Crédit: Abderrahmane Ajja / TelQuel

TelQuel : Pouvez-vous nous expliquer ce que l’on appelle désormais la “méthode Sekkouri”, qui a permis de débloquer le projet de loi organique n°97-15 après huit ans d’impasse ?

Younes Sekkouri : Il ne s’agit pas de ma méthode, mais plutôt de celle adoptée par le gouvernement dans son ensemble, car la mise en œuvre de ce projet de loi mobilisera une grande partie de ses membres.

Concernant cette méthode, l’idée principale était d’ouvrir un dialogue avec les syndicats, un dialogue qui n’a pas été simple. Ce processus a duré plus de 20 mois, comprenant plus de 65 réunions avec les syndicats, le patronat, mais aussi des concertations au sein du gouvernement. Il a fallu collaborer avec les différents départements concernés pour construire une vision commune et parvenir à convaincre toutes les parties prenantes. Rien qu’avec le chef du gouvernement, nous avons tenu une quinzaine de réunions en tête-à-tête, en plus des réunions élargies avec l’ensemble des membres du gouvernement.

“Notre démarche repose sur la sincérité et l’authenticité, avec la volonté que ce projet devienne réellement la propriété de tous”, insiste Younes Sekkouri.Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

L’objectif principal était de réviser en profondeur le projet de loi, tel qu’il avait été déposé au Parlement en septembre 2016, mais qui n’avait pas été abordé par les mandats précédents faute d’acceptation par les parties prenantes. Notre démarche repose sur la sincérité et l’authenticité, avec la volonté que ce projet devienne réellement la propriété de tous. Les acteurs concernés sont expérimentés, et ce sujet fait partie de leur ADN. Les enjeux étant cruciaux, il était indispensable d’agir de manière honnête, sans manipulation ni instrumentalisation, dans l’intérêt général du pays.

“Au fil des discussions, même les plus sceptiques ont reconnu la sincérité des efforts du gouvernement”

Younes Sekkouri

Cependant, rechercher un consensus autour de l’intérêt général reste un défi complexe, car chacun a sa propre interprétation de cet intérêt et peut pencher vers une partie prenante au détriment d’une autre. Cela a nécessité beaucoup d’écoute, l’absence d’ego ou de calculs politiciens. À aucun moment je n’ai tenté d’utiliser des dispositions contre une partie ou une autre. Cette approche a fini par porter ses fruits, car au fil des discussions, même les plus sceptiques ont reconnu la sincérité des efforts du gouvernement. Ces efforts se sont traduits de manière tangible dans les amendements proposés.

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