L’IMA : reportage dans une pépinière de talents au service de l’aéronautique marocaine

L’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA) de Nouaceur, à proximité de Casablanca, joue un rôle clé dans la formation des techniciens de l’aéronautique. Depuis son inauguration, l’IMA a su s’imposer comme un pilier de l’industrie, formant plus de 15 000 professionnels et collaborant étroitement avec les géants du secteur. Raphaël Samson, directeur général, nous expose les défis et les succès de cette institution, véritable moteur de l’essor aéronautique du Maroc.

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Ce sont 15 000 personnes qui ont été formées en 13 ans par l’IMA. Crédit: IMA

Ce lundi, à 11 heures, l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA) nous a chaleureusement accueillis, nous plongeant ainsi dans l’univers complexe mais captivant de la formation aérospatiale, souvent méconnu du grand public.

Stratégiquement positionné à 28 kilomètres de Casablanca, dans la commune de Nouaceur, l’IMA se dresse en étroite proximité de l’aéroport international Mohammed V, entouré par les principaux acteurs de l’industrie aérospatiale. Cette localisation stratégique symbolique reflète le chemin à emprunter pour la jeunesse en quête de savoir, prête à se lancer dans le marché du travail aérospatial.

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Une fois à l’intérieur, le bruit des perceuses, marteaux, centres d’usinage et autres matériels de fabrication est ponctué de temps à autre par le vrombissement des hélices des avions en approche ou en décollage sous un ciel azuré.

L’IMA dispose à ce jour de 150 modules de formation.Crédit: IMA

Nous sommes accueillis par Raphaël Samson, directeur général de l’IMA, qui s’est engagé à nous dévoiler les particularités de cet établissement de formation unique à bien des égards.

La mission principale de l’IMA consiste à “offrir aux opérateurs, techniciens et cadres intermédiaires de l’aérospatial marocain une formation pré-embauche ainsi que de la formation continue pour répondre aux besoins en compétences des entreprises”

Raphaël Samson, directeur général de l’IMA

Inauguré en avril 2011 par le roi Mohammed VI, l’IMA a vu sa capacité doubler en 2017 pour répondre à la demande croissante des acteurs de l’aéronautique, de plus en plus nombreux à s’implanter au royaume et en quête de ressources humaines.

“Nous avons toujours de l’espace pour une éventuelle extension afin de s’ouvrir sur de nouveaux métiers de l’aéronautique”, précise Raphaël Samson. La mission principale de l’IMA consiste à “offrir aux opérateurs, techniciens et cadres intermédiaires de l’aérospatial marocain une formation pré-embauche ainsi que de la formation continue pour répondre aux besoins en compétences des entreprises”, explique le directeur général. Il nous guide ensuite à travers les ateliers de formation, dévoilant ainsi les installations spécialisées.

Deux types de formations, une multitude de profils

En permanence, une centaine de stagiaires vêtus de blouses ornées du logo de l’IMA, et parfois de ceux d’autres géants de l’aéronautique, animent les ateliers de l’IMA dans lesquels ils passent le plus clair de leur temps.

Depuis l’enfance, je rêvais d’intégrer le secteur aéronautique. Avec l’IMA j’ai trouvé une formation m’apportant les compétences et les connaissances nécessaires et surtout me garantissant un emploi à la sortie”, témoigne une jeune fille”

Nous recevons des stagiaires qui disposent pour la plupart d’entre eux d’une formation de Bac + 2 délivrée par les centres de l’OFPPT. Ici, ils reçoivent un complément de formation technique extrêmement concrète sur les métiers de l’aéronautique en alternance entre l’IMA et les industriels”, fait savoir le directeur général.

L’objectif de cette formation en alternance est de permettre aux apprenants “une acclimatation facile avec le milieu professionnel dans lequel ils vont exercer”, poursuit-il. Ces ateliers sont pilotés par le Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS) qui détient plus de 99% des actions de l’IMA, ayant le statut de société anonyme.

Aussi, les programmes de formation sont conçus sur mesure par les industriels, d’après ce responsable. Regroupés autour d’un formateur, ou sur le point de fabriquer un composant d’aéronef, ces stagiaires suivent une formation qualifiante totalement gratuite. “Il s’agit d’une formation d’une durée variant de 6 à 32 semaines, réalisée sur mesure en fonction des compétences requises par les entreprises qui en font la demande”, explique Raphaël Samson.

Regroupés autour d’un formateur, ou sur le point de fabriquer un composant d’aéronef, ces stagiaires suivent une formation qualifiante totalement gratuite

Il détaille : l’IMA propose des formations dans 7 domaines de compétences professionnelles de base, couvrant l’ajustage et le montage de la cellule d’aéronef, la chaudronnerie, les composites, les systèmes électriques, électroniques et câblages, l’usinage à commande numérique, la peinture aéronautique et le soudage aéronautique.

“Depuis l’enfance, je rêvais d’intégrer le secteur aéronautique. Avec l’IMA j’ai trouvé une formation m’apportant les compétences et les connaissances nécessaires et surtout me garantissant un emploi à la sortie”, témoigne une jeune fille en cours de fabrication de pièces usinées.

Une formation continue payante

L’IMA organise également des formations continues payantes sous forme de cycles de perfectionnement dédiés aux salariés des entreprises. “Nous proposons aujourd’hui 150 modules de formation couvrant plusieurs domaines de compétences, notamment en management de proximité, au perfectionnement aux métiers de l’aéronautique, voire au développement personnel”, poursuit-il.

Au niveau des ateliers, qui “ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux des industriels”, on trouve également un ensemble de machines, mais aussi des parties d’aéronefs

En plus des formations techniques, l’IMA offre également des formations transverses liées, entre autres, au respect des horaires et des valeurs des entreprises, ainsi que de la manière de se tenir dans un milieu professionnel.

Ce sont des qualités requises dans le secteur”, précise Raphaël Samson. Au niveau des ateliers, qui “ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux des industriels”, on trouve également un ensemble de machines, mais aussi des parties d’aéronefs retirées de l’usage qui, selon ce responsable, “ont été gracieusement offertes à l’IMA par les industriels pour que l’apprentissage se déroule dans des conditions réelles et d’autres achetées par l’IMA pour les besoins de formation”.

15.000 personnes formées en 13 ans

Cet établissement de formation compte plus de 60 entreprises clientes parmi les membres du GIMAS, représentant 85% de l’activité du secteur de l’aéronautique au Maroc. “L’ensemble de nos clients sont satisfaits de la qualité de notre formation qui a la particularité de répondre directement à leurs besoins”, se félicite le directeur général, notant que 99% des stagiaires sont directement embauchés par les entreprises.

Dernier succès en date à l’IMA : l’obtention de l’agrément de la DAC (Direction de l’Aviation Civile) pour dispenser la formation des Techniciens Révision Propulseur pour la maintenance des moteurs d’avion CFM56 et bientôt LEAP. “L’IMA joue un rôle majeur de facilitateur pour l’implantation et le développement des industriels de l’aéronautique au Maroc”, poursuit notre interlocuteur.

Selon les industriels du secteur contactés par TelQuel, l’IMA leur permet d’avoir une main-d’œuvre hautement qualifiée et en nombre suffisant pour répondre à leurs plans de démarrage et d’extension. Ceci fait partie des atouts dont dispose le Maroc, lui permettant d’attirer de plus en plus d’investisseurs étrangers de grande envergure.

D’après le directeur de l’IMA, l’établissement a formé près de 15.000 personnes depuis son lancement en avril 2011. Il s’agit notamment de stagiaires en formation initiale pré-embauche, de stagiaires en formation continue, de stagiaires en formation nouvelle opportunité, ainsi que d’élèves de l’enseignement secondaire (baccalauréat professionnel en construction aéronautique).

Un seul hic persiste : l’hémorragie des compétences marocaines attirées par des expériences dans des pays européens, d’Amérique du Nord et du Golfe

Un seul hic persiste : l’hémorragie des compétences marocaines attirées par des expériences dans des pays européens, d’Amérique du Nord et du Golfe. “Nous nous retrouvons à former des compétences en aéronautique pour les industriels marocains, mais aussi pour l’étranger. Cette réalité nous impose de former davantage de jeunes pour répondre aux besoins du marché local”, explique Raphaël Samson.

Malgré ces défis, l’IMA reste déterminé à poursuivre sa mission. “Nous sommes conscients des enjeux et des attentes. Notre engagement est de continuer à former des talents de haut niveau, capables de répondre aux exigences croissantes du secteur aéronautique marocain et international”, conclut le directeur général.

Avec une vision claire et des efforts soutenus, l’IMA est prêt à surmonter les obstacles et à renforcer encore davantage la position du Maroc dans l’industrie aéronautique mondiale.

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