Monsieur De Mistura, non, c’est non

TOUMI/TELQUEL

Non, Monsieur De Mistura. Une partition du Sahara entre le Maroc et le Polisario n’est pas l’option réaliste, juste et durable qu’on vous a chargé de mettre en place. Intervenant devant le Conseil de sécurité des Nations unies, l’envoyé personnel d’Antonio Guterres a proposé une solution de dernier recours à ce dossier vieux de presque un demi-siècle. Selon nos informations, le diplomate italo-suédois ferait face à un blocage dont Alger serait à l’origine. La diplomatie marocaine en est consciente.

Mais la solution proposée par Staffan de Mistura a des airs d’insulte pour un peuple qui tient fermement à l’intégrité territoriale de son pays. Elle rappelle de vieux réflexes colonialistes. Une époque où l’on s’amusait à découper un continent à la règle. Elle rappelle aussi de vieilles solutions proposées par l’une des parties au conflit. Au lendemain de la conception du plan Baker I, en 2002, Abdelaziz Bouteflika himself s’était rendu à Houston pour rencontrer James Baker. Le diplomate américain, un prédécesseur de Staffan de Mistura, avait quelques mois auparavant proposé une autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine comme solution au conflit. Dos au mur, le président algérien avait réagi en suggérant cette partition, au mépris le plus total du principe d’autodétermination.

“La solution proposée par Staffan de Mistura rappelle de vieux réflexes colonialistes. Une époque où l’on s’amusait à découper un continent à la règle”

La partition proposée par Staffan de Mistura ne reflète également en rien la dynamique actuelle autour du dossier du Sahara. Avec la France et les États-Unis, ce sont deux pays membres permanents du Conseil de sécurité qui estiment désormais que la seule solution à ce conflit est une autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine. Même l’Espagne, ancienne puissance occupante, partage cet avis. Comme Paris et Washington, Madrid fait partie du Groupe des amis du Sahara qui rédige chaque année la résolution reconduisant le mandat de la Minurso. Un document qui met en avant la contribution du Maroc à la recherche d’une solution et dénonce la rupture unilatérale du cessez-le-feu par le Polisario. Et au-delà de Madrid, Paris et Washington, ce sont aujourd’hui près de 115 capitales qui soutiennent, à des degrés divers, le plan d’autonomie marocain.

La solution proposée par Staffan de Mistura semble ignorer le contexte géopolitique actuel au Sahel. La France et les États-Unis se sont retirés de la région. Mais, surtout, un Maroc privé de son Sud serait entièrement déconnecté du reste du continent africain. Et l’Initiative Atlantique en faveur des pays du Sahel, qui découle d’une initiative royale, serait mise en péril alors que la région est au cœur de nombreux enjeux sécuritaires. Sans oublier que l’Initiative Atlantique représente aussi une opportunité de développement pour une région stratégique pour les intérêts du Maroc et des grandes puissances. Toute déconnexion serait donc irrationnelle. Monsieur De Mistura, non c’est non.