Au cours des deux dernières décennies, le Maroc s’est positionné comme un acteur clé dans plusieurs industries de pointe, avec pour ambition de garantir un développement économique et social durable, dans un contexte mondial marqué par une forte inflation et un contexte national affecté par une hausse chronique du chômage.
Le secteur automobile, par exemple, a propulsé le royaume au rang de premier producteur de véhicules en Afrique. L’implantation de Renault à Melloussa, près de Tanger, et de Stellantis à Kénitra, accompagnée de la création d’un écosystème automobile autour de ces deux entreprises, témoigne de cette montée en puissance.
Le secteur de l’aéronautique, quant à lui, a pris son envol au milieu des années 2000 grâce à la mise en œuvre du Plan d’accélération industrielle (PAI). Depuis, ce secteur ne cesse de croître, attirant plus de 142 compagnies de renommée mondiale, créant 20 000 emplois et générant un chiffre d’affaires à l’exportation de 20 milliards de dirhams, selon les chiffres obtenus auprès du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS).
Le secteur ferroviaire suit la même trajectoire avec le Plan Maroc Rail 2040, qui vise à développer un écosystème ferroviaire marocain, afin de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des entreprises étrangères.
Les énergies renouvelables représentent un autre pilier stratégique pour le Maroc, avec des projets d’envergure tels que le complexe solaire Noor à Ouarzazate, Noor Midelt, ou encore le projet Green Power Maroc-Royaume-Uni.
Le Maroc ambitionne de porter la part des énergies renouvelables à plus de 52% du mix énergétique national d’ici 2030, témoignant de son engagement en faveur de la transition énergétique et du développement durable. En parallèle, l’émergence de secteurs comme l’intelligence artificielle (IA) et les technologies de l’information (IT) ouvre de nouvelles perspectives pour l’économie marocaine.
Le royaume s’apprête à lancer sa nouvelle stratégie “Maroc Digital 2030”, avec pour objectif de faire de la digitalisation un pilier central de son développement, en se positionnant comme un hub numérique continental. Le plan ambitionne la création de 200.000 emplois à l’horizon 2030, selon les déclarations de Ghita Mezzour, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration.
La formation, clé du succès
Alors que le Maroc se tourne vers de nouveaux horizons industriels, il doit impérativement préparer une nouvelle génération de cadres hautement qualifiés, capables de répondre aux exigences des métiers de demain.
Le rapport de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) souligne dans son rapport que “la qualité de l’éducation et de la formation est essentielle pour répondre aux exigences d’un marché du travail en constante évolution. Le capital humain doit être préparé non seulement à occuper des emplois techniques, mais aussi à innover et à développer de nouvelles compétences dans un environnement mondial de plus en plus compétitif”.
Dans cette optique, le Nouveau Modèle de Développement (NMD) met l’accent sur la réforme de l’enseignement supérieur, tant dans le secteur public que privé, en révisant les programmes universitaires et en renforçant les liens entre le monde académique et les entreprises. L’objectif est d’“adapter la formation aux besoins du marché, en plaçant les étudiants au cœur du processus d’innovation et de croissance économique”.
Un PACTE pour mieux avancer
Pour répondre à ces besoins cruciaux, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, dirigé par Abdellatif Miraoui, a élaboré le PACTE ESRI-2030.
Cette stratégie, qualifiée de “novatrice et porteuse d’une nouvelle dynamique de transformation de l’université marocaine”, s’inscrit en cohérence avec les recommandations du NMD. Elle repose sur quatre axes majeurs : l’excellence académique, la recherche scientifique aux standards internationaux, l’excellence opérationnelle et la gouvernance 4.0 des établissements d’enseignement supérieur, ainsi que la création de territoires propices à l’émergence d’un écosystème d’innovation performant.
L’ambition est de “doter le Maroc d’un capital humain résilient et en pleine capacité de relever les défis actuels et futurs, y compris dans les secteurs clés tels que l’industrie automobile, ferroviaire, aérospatiale, ou encore les énergies propres et renouvelables”, explique Abdellatif Miraoui.
Le ministre souligne que son département est “étroitement impliqué dans la conception et la mise en œuvre des différentes stratégies nationales, particulièrement dans la préparation du capital humain pour accompagner une pluralité de stratégies sectorielles couvrant l’industrie, la santé, le numérique, et l’éducation”.
Une approche centrée sur les résultats
Le PACTE ESRI-2030 se distingue par son approche résolument orientée vers les résultats. Abdellatif Miraoui explique que cette stratégie a été pensée “en partant des profils des lauréats que l’on souhaite former à chaque cycle, offrant ainsi une visibilité accrue sur l’output du système”.
Le doctorat ambitionne de former une nouvelle génération de chercheurs et d’enseignants aux standards internationaux, disposant de l’expertise nécessaire pour répondre aux priorités nationales
Ainsi, le cycle de licence vise à former des citoyens responsables et autonomes, dotés des compétences techniques, linguistiques et comportementales nécessaires à une insertion socioprofessionnelle réussie. Le Master, quant à lui, vise à former des experts dans leurs domaines respectifs, armés d’un esprit critique et d’une capacité d’innovation pour renforcer les capacités compétitives du tissu productif national.
Enfin, le doctorat ambitionne de former une nouvelle génération de chercheurs et d’enseignants aux standards internationaux, disposant de l’expertise nécessaire pour répondre aux priorités nationales. Cette nouvelle approche favorise également des passerelles fluides entre disciplines et filières, avec la création de parcours d’excellence Bac+5 à partir du Bac+2 dans les établissements à accès ouvert.
Ce système, qui confère une “seconde chance” aux étudiants pour réorienter leur parcours, “vise à améliorer leurs perspectives d’insertion dans le marché de l’emploi”, précise Miraoui. En créant des passerelles entre les cycles, “le Maroc cherche à offrir une plus grande flexibilité aux étudiants et à mieux répondre aux besoins changeants du marché du travail”, conclut le ministre.