Mpox : “Le Maroc a prouvé par le passé sa capacité à agir contre la propagation de nouveaux virus”

Après l’épidémie qui a frappé l’Afrique en 2022, poussant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à déclarer l’état d’urgence de santé publique de portée internationale, la Mpox est de retour en 2024. TelQuel a interrogé docteur Maryam Bigdeli, représentante de l’organisation au Maroc.

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La représentante de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc, Maryam Bigdeli. Crédit: OMS

Une nouvelle souche de Mpox, anciennement appelée “variole du singe”, menace l’Afrique et le monde. Suivant l’alerte lancée par l’Agence de santé de l’Union africaine le 13 août, l’OMS a déclaré le 14 août l’état d’urgence de santé publique de portée internationale. Au Maroc, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a renforcé son plan de surveillance et de riposte contre le virus.

Docteur Maryam Bigdeli, représentante de l’OMS au Maroc, analyse pour TelQuel la situation, et le rôle que peut jouer le Royaume pour endiguer la propagation de cette souche “clade 1 b”.

TelQuel : Qu’est-ce qui explique que l’OMS ait déclenché son plus haut niveau d’alerte sanitaire au niveau international face à l’épidémie de Mpox qui frappe l’Afrique ?

Maryam Bigdeli : La variole simienne (Mpox, ndlr) sévit à l’état endémique au niveau de la République démocratique du Congo (RDC) depuis les années 1970. Les personnes atteintes sont majoritairement les enfants et les personnes ayant des déficits immunitaires. La transmission est majoritairement interhumaine.

Cette situation épidémiologique a évolué avec une augmentation rapide du nombre de cas et une extension de l’épidémie à des provinces encore non touchées depuis la fin de l’année 2023. Ainsi, au cours des six premiers mois de 2024, le nombre de cas rapportés a plus que doublé par rapport à celui de toute l’année 2023 en RDC.

Cette nouvelle situation est due à l’apparition d’un nouveau “clade 1b”, qui apparemment se propage de façon prépondérante par voie sexuelle, pouvant être à l’origine d’une expansion rapide sur le plan géographique, aussi bien à l’intérieur des pays que dans les pays avoisinants.

Le Maroc, de son côté, est-il prêt à faire face à une épidémie qui se répandrait de manière incontrôlée sur le continent ? A-t-il des vaccins contre la variole en stock pour protéger la population ?

Trois vaccins sont actuellement approuvés par les autorités réglementaires nationales répertoriées par l’OMS, et recommandés par le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination de l’OMS, ou SAGE : MVA-BN, LC16-KMB et OrthopoxVac — ce dernier n’étant pas encore commercialisé. L’OMS a également recommandé l’utilisation du vaccin contre la variole ACAM2000 là où d’autres vaccins ne sont pas disponibles. Se faire vacciner contre la variole simienne peut aider à prévenir l’infection.

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La vaccination est recommandée par l’OMS pour les personnes à haut risque d’exposition comme les professionnels de la santé. L’organisation préconise également la vaccination préventive post exposition après contact avec une personne atteinte de variole simienne. Le vaccin doit être administré dans les 4 jours suivant le contact avec une personne atteinte de la variole simienne (le vaccin peut être administré jusqu’à 14 jours si le contact n’a pas développé de symptômes). Cependant, la vaccination de masse n’est pas recommandée.

L’OMS est à la disposition du Maroc comme des autres pays pour lutter contre cette maladie. Le Maroc a prouvé par le passé et à de nombreuses reprises sa capacité à agir rapidement et efficacement contre la propagation de nouveaux virus ou pour répondre à des situations d’urgence.

Pour ce qui est des stocks de vaccins, la question doit être posée au ministère de la Santé et de la Protection sociale.

Quelles sont les risques que le virus arrive jusque dans le territoire du Royaume ? Des pays limitrophes du Maroc présentent-ils des cas de Mpox ?

“Aucun pays n’est à l’abri de connaître des cas de Mpox”

Maryam Bigdeli, représentante de l’OMS au Maroc

Au cours des trois dernières semaines, quatre pays voisins de la RDC ont signalé leurs premiers cas de variole simienne : le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda. Ces pays ne sont pas limitrophes du Maroc, mais il n’est pas exclu que des cas soient importés par d’autres voies que la voie terrestre. Aucun pays n’est donc à l’abri de connaître des cas de variole simienne et tous doivent se préparer à gérer des cas et éviter une propagation.

Quel rôle le Maroc peut-il jouer dans la stratégie de l’OMS pour endiguer l’épidémie en Afrique et éviter la propagation du virus ?

Le Maroc doit en premier lieu s’assurer que ses plans de préparation et de riposte sont à jour et permettront de détecter d’éventuels cas présents sur le territoire et d’endiguer une éventuelle propagation. En arrêtant la propagation, quel que soit le pays, on contribue à maîtriser l’épidémie sur le plan international.

Le Maroc contribue déjà énormément à l’expertise internationale sur les méthodes pour faire face aux situations d’urgence, notamment sur les questions de contrôle aux frontières, de sanitation et d’inspection des bateaux, entre autres. Par ailleurs, dans d’autres situations d’urgence, le Maroc a montré sa solidarité avec des pays plus touchés.

La Mpox en chiffres depuis début 2024 :

  • 14.000 cas signalés en RDC et 511 décès
  • Le nombre de cas signalés au cours des six premiers mois de cette année correspond au nombre signalé au cours de l’ensemble de l’année dernière
  • Au cours des trois dernières semaines, quatre pays voisins de la RDC ont signalé leurs premiers cas de variole simienne : le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda
  • Au total, 12 pays d’Afrique ont signalé des cas de variole simienne cette année, et 9 pays ont connu des épidémies actives