Lorsqu’on écoute Abdelghafour Harraz parler de son parcours professionnel, on ne sait pas à quel saint se vouer. Tantôt on voit de l’humilité dans ses propos, tantôt on y voit de l’outrecuidance.
Au fond, ce n’est ni l’un ni l’autre, car il porte simplement un regard réaliste sur les raisons qui l’ont poussé à quitter le monde du salariat en 2013, seulement 18 mois après l’obtention du diplôme d’ingénieur de l’INPT. Il évoque ainsi et de manière crue deux raisons principales : grosse tête et complexe de supériorité. “Je sentais que les choses avançaient très lentement, et que le rythme de la production ne correspondait pas à mes attentes. Il s’est avéré que j’avais tort”, dit-il.
Avec le temps, la vie d’entrepreneur qu’il mène depuis une dizaine d’années a été pleine d’apprentissages. “D’abord, étant inexpérimenté, je mesurais l’intelligence des autres à travers un référentiel personnel limité et biaisé. Ensuite, concernant la vitesse d’exécution dans les grandes sociétés, les enjeux qu’il faut respecter ne sont pas liés au produit et les sujets avancent suivant un rythme impliquant l’intervention de plusieurs parties prenantes”, nous explique-t-il.
Somme toute, son aventure entrepreneuriale s’est avérée être “une belle erreur d’appréciation qui était une étape obligatoire pour changer de cap et atterrir là où (il est) actuellement”.
Salariat et entrepreneuriat
Pour Abdelghafour Harraz, il s’agit de deux mondes qui ne peuvent pas être mis en comparaison. Ceci dit, grâce à une comparaison mathématique réalisée en 2019, Abdelghafour Harraz a pu en avoir l’esprit clair. “J’ai produit un fichier Excel pour comparer les deux trajectoires en matière de compensation pécuniaire, l’entrepreneuriat reste plus attirant”, nous explique-t-il.
L’entrepreneuriat demeure une expérience riche en enseignements. Il n’y a pas photo. “Je pense que le leadership, la capacité de s’adapter, être polyvalent et à la fois expert, le développement commercial et la production de valeur sont favorisés quand on est entrepreneur”, poursuit Abdelghafour Harraz.
La messe est dite et chaque entrepreneur né devra oser faire le pas. En rétrospective, c’est exactement ce qui avait poussé Abdelghafour Harraz à opter pour une année d’échange qui lui a permis de décrocher un certificat à Télécom Sud Paris.
Pour expliquer cela, il évoque des raisons liées à la spécialité, un peu absconse pour les non-initiés. “À Télécom Sud Paris, j’ai fait beaucoup de probabilité et de statistiques. C’est stratégique quand on compte lancer une boîte. Il faut prendre des risques qui permettent de naviguer sur la base d’informations incomplètes ou peu maîtrisées”, poursuit-il.
En dehors de ses occupations professionnelles, on découvre d’autres facettes du mathématicien. Amateur de sports de combat, notamment la boxe et le jiu-jitsu brésilien, ainsi que le conditionnement physique et l’entraînement de mobilité, Abdelghafour Harraz passe environ 30 % de son temps dans les salles de sport, “une deuxième passion après le travail”, dit-il.
Ce dernier lui procure déjà d’autres joies qui rendent les obligations professionnelles plus passionnantes : les échanges avec les clients, les discussions autour des produits, le développement commercial ou encore le marketing… La liste semble s’allonger.