Dire que le secteur de l’agriculture à Dakhla revêt une importance capitale relèverait presque de l’euphémisme. Derrière la pêche, l’agriculture est le deuxième employeur de la région avec, en 2020, près de 2 millions de journées de travail cumulées par les employés du secteur agricole.

La région s’est même fait un nom à travers son agriculture puisque ses juteuses tomates cerises se consomment à travers le Maroc et le monde. La région abrite d’ailleurs la plus grande ferme d’Afrique consacrée à la production de ce fruit, qui s’est donc fait une réputation à l’export tout comme le melon.

On retrouve la production de Dakhla sur les étals de supermarchés européens, américains ou encore russes. Déjà important, le secteur de l’agriculture peut se permettre davantage d’ambition à la faveur de deux mégaprojets qui vont transformer le secteur ainsi que son impact sur la région.

Quand dessalement rime avec irrigation et emplois

Dakhla, comme une grande partie du reste du pays, souffre de la sécheresse et de la rareté de l’eau pour permettre une activité agricole durable dans le temps. C’est à cette problématique que vient répondre le projet de station de dessalement de Dakhla dont la construction et la gestion ont été attribuées au groupement Nareva-Engie et dont le chantier de construction a d’ores et déjà été entamé.

Cette station aura une capacité de production quotidienne de plus de 100.000 mètres cubes d’eau et sera alimentée par un parc éolien de 40 MW. Une partie de l’eau produite servira à alimenter la ville de Dakhla en eau potable. La grande majorité devrait être néanmoins consacrée à l’autre mégaprojet destiné à donner un coup de boost à l’agriculture dans la région Dakhla-Oued Eddaheb.

Lors de la signature du mémorandum relatif à la station de dessalement en juin dernier, le ministre de l’Agriculture annonçait que l’infrastructure permettrait, à terme, la création de 10.000 postes d’emplois permanents dans la région.

Un chiffre qui peut paraître ambitieux de prime abord mais qui devient rapidement réaliste lorsque l’on se rend compte que l’Etat prévoit également de lancer un périmètre agricole irrigué par la station de dessalement de 5200 hectares dans la région dans le cadre de partenariats public/privé (PPP).

Dans le détail, 219 projets seront sélectionnés et des terrains leurs seront alloués pour des locations longue durée pouvant aller de 25 à 40 ans selon la nature des projets. Ce périmètre, dont la valeur est estimée à 2,5 milliards de dirhams, devrait permettre d’augmenter la capacité en production de primeurs de la région de 415.000 tonnes.

Et il ne s’agit là que de l’un des nombreux bénéfices apportés par ces deux mégaprojets pour lesquels une enveloppe de deux milliards de dirhams a été mobilisée, dont plus de 1,5 milliard de dirhams par l’Etat. Des investissements qui pourraient faire de la région une pionnière dans le domaine agricole.