[TRIBUNE] Bonnes consciences, indignez-vous !

Depuis le début de la guerre contre les Palestiniens à Gaza, le bilan macabre des civils palestiniens massacrés sauvagement par l’armée israélienne a atteint un niveau effrayant. L’équivalent d’une bombe nucléaire a été larguée sur une enclave assiégée de 360 km2, abritant près de 2,5 millions de Palestiniens.

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Manifestation de soutien au peuple palestinien, le 15 octobre à Rabat. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Près de 8500 civils palestiniens ont été tués, dont plus de 3500 enfants et près de 2200 femmes. On dénombre plus de 21.500 blessés, sans compter ceux qui sont inhumés ou coincés sous les décombres.

Ce bilan macabre et sans scrupule est celui du soutien politique et militaire actif, solennel et inconditionnel, et de l’autorisation expresse accordée par les dirigeants occidentaux à Israël, soi-disant de se défendre contre le Hamas.

Face à ce bilan atroce des civils tués et grièvement blessés, et même avec des manifestations sans précédent de leurs opinions publiques contre cette barbarie à Gaza, ces dirigeants persistent dans leur autorisation à Israël de tuer des civils, considérant que même un cessez-le-feu pour des raisons humanitaires n’est pas à envisager pour le moment.

Les États-Unis ont de leur côté et pour la énième fois usé, seuls, de leur veto en faveur d’Israël, contre des résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu à Gaza.

Ce bilan est ainsi voulu et favorisé par des dirigeants occidentaux parlant d’une seule voie et se rangeant de manière aveugle et assumée, comme à l’accoutumée, aux côtés d’Israël, mais il est également le résultat de la passivité, du silence étrange, et de l’absence d’une volonté de soutien claire, d’actions tangibles et de positions coordonnées et unifiées des États arabes et du monde musulman en faveur de la Palestine et de Gaza.

Depuis le premier jour de cette guerre, le blocus total décrété par Israël à Gaza a été toléré par l’Occident et timidement affronté par le monde arabo-musulman. La communauté internationale et les États arabes et musulmans peinent à acheminer l’aide humanitaire qui reste instillée au compte-gouttes via le point de passage de Rafah.

Le poste frontière de Rafah, point de passage sur la frontière internationale séparant l’Égypte et la bande de Gaza.Crédit: أشرف العناني / CC

Devant cette guerre inique et immorale, et au regard des positions et des déclarations irresponsables et inhumaines des dirigeants occidentaux, de la passivité et de l’état de division du monde arabo-musulman, il apparaît que le véritable but de l’Occident n’est pas simplement de permettre à Israël de se défendre contre les attaques du Hamas.

L’ultime but des dirigeants occidentaux est de donner à Israël le temps qu’il faut, l’appui militaire, les moyens nécessaires, et la couverture politique pour lui permettre l’extermination pure et simple des Palestiniens afin de mettre en œuvre la solution finale à la question palestinienne, cette cause noble et légitime qui résiste, et résistera, à la liquidation à l’œuvre depuis plus de 75 ans.

En effet, force est de constater qu’après plus de trois semaines de bombardements aériens et terrestres intenses et ininterrompus, le bilan vis-à-vis des combattants du Hamas est presque nul. Le seul bilan tangible enregistré jusqu’aujourd’hui, ce sont les tueries perpétrées contre des milliers de civils, enfants et femmes, et un champ de ruine avec des quartiers entiers et des camps de réfugiés rasés.

“Un cas d’école de génocide”

Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères français, a dans une récente interview alerté sur le drame qui se joue à Gaza en particulier, et sur la dangerosité de la situation au Moyen-Orient tout entier, qualifiant Gaza de « prison à ciel ouvert ».

De son côté, Craig Mokhiber, directeur du bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme à New York, a, dans sa lettre de démission du 28 octobre, souligné que “une fois de plus, nous voyons un génocide se jouer sous nos yeux, et l’organisation que nous servons semble impuissante”, précisant que “c’est un cas d’école de génocide”.

Malheureusement et au vu du déroulé, au vu et au su du monde entier, de cette guerre barbare, il paraît que Gaza n’a même pas ce “privilège” d’être une prison à ciel ouvert, car de nos jours et dans les pires des prisons du monde on ne coupe pas en même temps, et pendant plusieurs jours, avec l’intention de tuer, l’eau, l’électricité, la nourriture, les médicaments et les communications. Et dans les pires des prisons, on ne bombarde pas, jour et nuit, les prisonniers avec des tonnes et des tonnes d’explosifs et avec en prime les bombes au phosphore.

Bonnes consciences, ouvrez bien vos yeux et vos cœurs ; éveillez vos esprits, vos mémoires et vos consciences.

Non, ce qui se passe à Gaza n’est pas une guerre de légitime défense dans le respect du droit international, comme se plaisent à ressasser à longueur de journée les médias occidentaux dans le cadre d’une complaisance sans morale et sans limites à l’égard d’Israël.

Ce qui se passe à Gaza est un génocide, une extermination, en bonne et due forme, du peuple palestinien.

Non, Gaza n’est plus seulement une prison à ciel ouvert.

Gaza est en train de devenir le plus grand camp de concentration à ciel ouvert de l’histoire.

Gaza est en train de devenir le plus grand camp d’extermination à ciel ouvert de l’histoire.

À la différence près que ce qui se passe aujourd’hui à Gaza est connu, vu, et suivi en direct par le monde entier et se déroule avec l’assentiment, la complaisance, voire la complicité des puissances du monde dit libre et civilisé.

Bonnes consciences, réveillez-vous ! Indignez-vous ! avant que ça ne soit trop tard, non pas pour la Palestine, mais pour tout le monde arabo-musulman et pour ce qui reste de la morale et de la raison humaine.

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