Futures élites : ma vie en grande école

Harvard, Yale, Columbia, HEC, Essec, Polytechnique, Ponts et chaussées, Sciences Po, London School of Economics… avec plus de 63 000 étudiants à l’étranger, dont certains inscrits dans les écoles et universités les plus prestigieuses du monde, le Maroc se hisse dans le top 20 des principaux pays de départ des étudiants à l’étranger. Et s’ils sont nombreux à vouloir rentrer un jour au bercail, leur expérience hors du Maroc freine souvent leur désir de retour.

Par et

TELQUEL

Casablanca, début juillet 2023. Sur les panneaux publicitaires bordant une artère encombrée de voitures de la capitale économique apparaissent les visages et les noms d’une dizaine de jeunes étudiants, tout sourire. En lettres capitales au centre des affiches : “HEC Paris”.

Admissibles pour passer les oraux de la prestigieuse école de commerce française, ces étudiants font la fierté de l’ESTEM, une école privée casablancaise qui prépare les étudiants pendant deux ans aux concours d’entrée aux grandes écoles de commerce françaises et marocaines. Et chaque été, elle placarde dans les avenues de la ville blanche les noms et photos des heureux lauréats.

Tout ce qui brille

Il faut dire que les étudiants marocains sont nombreux à remplir les bancs des grandes écoles étrangères, principalement françaises, suscitant la fascination des médias de l’Hexagone. En 2021, Le Figaro publiait un article sur ce phénomène, n’hésitant pas à qualifier d’“insolent” le succès des Marocains aux concours des écoles d’ingénieurs françaises, et ne lésinant pas sur les superlatifs.

Excellents en maths et en physique, les étudiants marocains brillent aux concours des meilleures écoles d’ingénieurs françaises comme l’École Polytechnique et Centrale Supélec”, écrivait le quotidien français, renchérissant : “Chaque année, les étudiants marocains font des étincelles”. “Les étudiants marocains sont très bien formés en mathématiques et en physique, leur niveau est incroyable”, témoignait Gaëlle Le Goff, directrice des relations internationales de l’École Polytechnique, dans les colonnes du journal.

Ainsi, en 2022, sur 45 étudiants étrangers admis à l’École Polytechnique aux niveaux bachelor et master, 16 étaient marocains, dont 13 issus du Lycée Mohammed VI d’excellence de Benguerir (Lydex), fleuron des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), connu pour envoyer chaque année ses cerveaux dans les meilleures écoles françaises. 92 Marocains sont également inscrits dans le cycle ingénieur (promotions 2020 à 2022) de l’École Polytechnique.

Autre aperçu de ce succès : pour l’année 2022-2023, Sciences Po accueillait, selon nos informations, près de 130 étudiants de nationalité marocaine, tous niveaux confondus, dont cinq au niveau doctoral. Ils représentent la première nationalité (pour la région MENA et l’Afrique) et la 8e au niveau mondial.

Du rêve à la réalité

Le départ à l’étranger de ces étudiants est souvent motivé par la quête d’une meilleure éducation et de nouvelles opportunités professionnelles, ainsi que par le désir de s’émanciper des normes sociales contraignantes. « J’espère que cette expérience me permettra de faire de nouvelles rencontres et d’en apprendre davantage sur moi-même et ma capacité à être autonome », confie Salma, une étudiante s’apprêtant à rejoindre Sciences Po en France.

Cependant, une fois installés à l’étranger, les étudiants marocains sont confrontés à des défis : conditions économiques et sociales dans leur pays d’accueil, problèmes administratifs, distance qui les sépare de leur famille. Il y a aussi le financement des études…

Enfin, passée l’angoisse de l’arrivée à l’étranger et les premières années d’études, un dilemme se pose pour les étudiants marocains hautement qualifiés. Partir ou rester ? Lire la suite

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