SIAM 2023 : Sadiki dresse un bilan d’étape de la stratégie “Génération Green”

Lancée en février 2020 pour prendre le relais du Plan Maroc Vert, la stratégie Génération Green 2020-2030 est mise en œuvre depuis 2021, traçant ainsi la voie d’une agriculture résiliente face aux défis particulièrement climatiques et hydriques.

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L’État prévoit de former près de 150.000 personnes et de doubler l’investissement dans la recherche agricole. Crédit: YASSINE TOUMI/TELQUEL

En cette matinée du mercredi 3 mai, Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, n’a pas fait dans la dentelle. Devant un parterre de ministres européens et africains, experts, professionnels et hauts responsables, il a bien voulu démontrer le bien-fondé du plan B de la stratégie agricole marocaine, à savoir “Génération Green”.

D’après lui, tout a été prévu dans le cadre de cette stratégie pour répondre au mieux aux contraintes d’une agriculture résiliente et durable, tout en reconnaissant la problématique des aléas climatiques et l’enjeu du stress hydrique. Une manière de dire, devant cette assistance, que “Génération Green” se veut pragmatique et réaliste.

“Le premier objectif est de contribuer à faire émerger une nouvelle classe moyenne agricole de 350.000 à 400.000 ménages et de stabiliser près de 690.000 ménages dans cette classe dans les zones rurales”

Mohamed Sadiki

Et de souligner que cette stratégie est définie sur deux fondements majeurs : “Le premier fondement donne la priorité à l’élément humain avec l’objectif de contribuer à faire émerger une nouvelle classe moyenne agricole de 350.000 à 400.000 ménages et de stabiliser près de 690.000 ménages dans cette classe dans les zones rurales. Un objectif qui passera également par l’émergence d’une nouvelle génération de 180.000 jeunes exploitants à travers la mobilisation et la valorisation d’un million d’hectares de terres collectives et la création de 170.000 emplois dans les services agricoles et para-agricoles le long des chaînes de valeur agricoles”.

Améliorer le revenu

Mohamed SadikiCrédit: TNIOUNI/TELQUEL

Par la même occasion, il a dressé un bilan d’étape qui se veut, d’après lui, probant pour un début en dépit d’une conjoncture difficile de polycrise : “Ainsi, pour faire émerger une nouvelle génération de classe moyenne agricole, le ministère a poursuivi les efforts d’investissement dans le secteur, accompagnés d’un nouveau schéma d’incitations pour améliorer les revenus des agriculteurs, avec en parallèle l’élargissement des projets de développement rural”.

Et d’ajouter qu’une extension progressive de l’assurance agricole est entamée pour passer d’un million d’hectares par année, actuellement, à un objectif de 2,5 millions d’hectares couverts par an en 2030, soit une augmentation moyenne d’environ 150 000 hectares. La généralisation de la protection sociale des agriculteurs du secteur agricole est également l’un des leviers activés pour concourir au bien-être de la population rurale et des travailleurs agricoles.

Dans ce cadre, le gouvernement a mis en place un cadre juridique relatif à la couverture maladie et au système de retraite spécifique aux agriculteurs en promulguant la loi cadre 09.21 relative à la protection sociale et la loi n°80.21 portant création du Registre National Agricole.

Au 24 mars 2023, le nombre total des agriculteurs identifiés dans le cadre de cette démarche est de 1,39 million personnes, dont 1,231 millions de personnes immatriculées dans le régime des TNS ; 139 000 immatriculés dans les autres régimes autres que TNS et 20 000 en cours d’immatriculation à la CNSS.

Mohamed Sadiki a précisé dans le même sens que l’amélioration des conditions de travail des salariés agricoles est passée également par la diminution de l’écart entre le Salaire minimum dans le secteur agricole (SMAG) et celui dans les autres secteurs (SMIG).

Dans ce cadre, et conformément à l’accord social signé fin avril 2022, avec les organisations syndicales du secteur, il a été procédé, en septembre 2022, à une augmentation de 10% du SMAG. D’autres augmentations sont prévues dans la perspective d’aligner le SMAG sur le SMIG à l’horizon 2028.

Selon le ministre, et pour décliner l’axe d’encouragement d’une jeune génération d’exploitants, un chantier de valorisation d’un million d’hectares de terres collectives a été lancé en partenariat avec le ministère de l’Intérieur pour la réalisation de projets d’investissement agricoles au profit d’investisseurs, des ayants droit et des jeunes grâce à la mise en place d’une offre intégrée qui s’articule autour du soutien financier et l’accompagnement technique des porteurs de projets agricoles, notamment les jeunes, pour bénéficier d’accompagnement financier notamment dans le cadre du programme “Intelaka” et des prêts garantis par l’Etat.

La finalité de l’émergence d’une classe moyenne passe également par le renforcement de la formation agricole, à travers un objectif de formation de 150.000 diplômés, dont 10 000 dans l’enseignement supérieur et 140 000 dans l’enseignement professionnel et par l’apprentissage ainsi que le doublement des investissements dans la recherche agricole.

À cela s’ajoute la mise en place de nouveaux mécanismes d’accompagnement à travers le lancement de projets d’agriculture solidaire de nouvelle génération sur près de 350.000 à 400.000 ha au niveau des zones vulnérables (zones de montagnes, oasis et zones arides), le renforcement du conseil agricole, l’introduction des nouvelles technologies et de la digitalisation des services agricoles au profit de près de 2 millions d’agriculteurs.

Pour atteindre ces objectifs, le ton est mis sur le développement et la consolidation des filières agricoles par une intervention plus ciblée sur l’amont agricole et une réallocation des efforts sur l’aval. Dans ce cadre, des contrats-programmes de nouvelle génération pour le développement des filières agricoles ont été élaborés en concertation avec les fédérations interprofessionnelles et sont signés en marge du SIAM.

Une classe moyenne rurale

Autre levier : le développement d’une agriculture durable et résiliente aux changements climatiques par le dédoublement de l’efficacité hydrique et la promotion des techniques de conservation des sols.

Dans le cadre des programmes d’irrigation, le ministre a précisé qu’il a été procédé, à fin 2022, à l’équipement en irrigation localisée d’une superficie supplémentaire de 154.650 ha, soit 44% de l’objectif de 2030 ; la poursuite des travaux pour trois projets sur 38 100 ha dans le cadre du programme d’extension d’irrigation à l’aval des barrages sur un objectif de 72.450 ha à l’horizon 2030 ; la réhabilitation et la modernisation de 54.000 ha de périmètre de PMH sur un objectif de 200.000 ha à l’horizon 2030 et l’achèvement en cours des projets PPP d’Azemmour (sauvegarde de l’irrigation), de Chtouka (dessalement de l’eau de mer) et de Dakhla (dessalement de l’eau de mer) avec la préparation des études de faisabilité pour les autres projets à lancer essentiellement pour la sauvegarde de l’irrigation.

Les chantiers lancés et ceux programmés dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie Génération Green contribueront au doublement du PIB agricole pour atteindre à terme 200 à 250 MMDH, à l’augmentation de la valeur des exportations pour atteindre 50 à 60 MMDH, tout en améliorant les conditions de vie des agriculteurs. Ils permettront également l’amélioration de la production, de la qualité des produits, des disponibilités alimentaires et des taux de couverture des produits agricoles, qui sont la base de la sécurité alimentaire.