Pour des systèmes de production durables et résilients”, tel était le thème de la 16e édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM), qui s’est tenue du 22 au 28 avril 2024, dans la cité impériale de Meknès et dans une conjoncture marquée par six années de sècheresse consécutive.
Après le coup d’envoi officiel donné par le prince Moulay El Hassan, le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohammed Sadiki, a présidé une conférence inaugurale de haut niveau, aux côtés de son homologue espagnol Luis Planas, dont le pays était à l’honneur cette année.
Situation “alarmante”
“L’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes et l’incertitude climatique accrue ont déjà eu des répercussions sur la diminution des ressources en eau, en particulier la rareté et l’irrégularité des précipitations, ce qui impacte négativement les cultures agricoles et réduit les revenus dans les zones les plus vulnérables, faisant ainsi peser une lourde menace sur la sécurité alimentaire”, a alerté le ministre Sadiki, lors de son intervention.
“Cette situation alarmante, partagée par tous, appelle à une action concertée pour concevoir et créer des solutions durables, innovantes et transformatrices ainsi que des moyens efficaces pour faire face à cette nouvelle génération de défis transcontinentaux, en particulier avec la demande mondiale croissante de produits alimentaires et la pression croissante sur les ressources naturelles, devenues rares”, a-t-il poursuivi.
Selon le ministre, le plan “Génération Green” fait de la recherche agronomique une de ses priorités pour la transformation des systèmes de production agricole et alimentaires, et l’amélioration de l’ensemble des chaînes de valeur.
L’Espagne, dont certaines régions traversent une sècheresse historique, s’est dite, elle, prête à accompagner le Maroc pour faire front commun contre les effets de la sécheresse. Le pays voisin a proposé, entre autres, son expertise en matière de nouvelles techniques d’édition génomique.
19 conventions signées
Au-delà du renforcement de la coopération entre le Maroc et l’Espagne, quelque 19 conventions ont été conclues lors de cette édition. Le bal des signatures a été ouvert le 22 avril par le Crédit Agricole du Maroc et l’Agence française de développement (AFD).
Deux conventions de crédit pour financer des investissements contribuant à la résilience et à la durabilité de l’économie marocaine ont été paraphées. Elles prévoient un programme de 70 millions d’euros (700 millions de dirhams environ) en prêt et 2,1 millions d’euros (21 millions de dirhams environ) en assistance technique, visant à financer des investissements dans les exploitations agricoles, notamment pour l’usage plus efficace de l’eau en agriculture, l’agroécologie et la diffusion d’espèces et variétés résilientes au changement climatique.
Le lendemain, un acte d’engagement pour un nouveau projet d’appui à l’adaptation de la formation et de la recherche agricole et forestière au Maroc, aux enjeux de la transition écologique, baptisé “Ibtikar” (innovation) a été signé entre le royaume et l’Union européenne.
Les deux parties se sont, entre autres, engagées à soutenir un nouveau projet de collaboration avec le consortium de formation et de recherche agricole et forestière, composé par l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), l’Ecole nationale d’agriculture de Meknès (ENAM) et l’École nationale forestière d’ingénieurs (ENFI).
Une convention-cadre de partenariat a été également signée le 24 avril par Mohammed Sadiki, la Société de productions biologiques et pharmaceutiques (BIOPHARMA) et l’IAV Hassan II. Elle a pour ambition de mettre au point des projets de recherche conjoints dans les domaines de la santé animale et de la santé publique. L’objectif est également de promouvoir l’innovation dans le secteur biologique, à travers une coopération scientifique et technique.
Le ministre de l’Agriculture a présidé le même jour la cérémonie de signature d’un protocole d’accord entre l’Agence pour le développement agricole (ADA) et la société de gestion des Fonds d’Investissement Azur Partners. Il porte sur le financement et l’investissement de nouveaux fonds dans des projets agricoles innovants et durables. Le 25 avril, une autre convention de partenariat a été paraphée entre le Laboratoire officiel d’analyses et de recherches chimiques (LOARC), l’INRA, l’IAV HII et l’ENAM.
De nouvelles ouvertures sur le Maroc
Cette édition a été aussi marquée par une ouverture du marché brésilien aux agrumes marocains, officialisée à Meknès
Cette édition a été aussi marquée par une ouverture du marché brésilien aux agrumes marocains, officialisée à Meknès, par la signature d’un plan d’actions fixant les modalités de l’exportation de ces agrumes. Ce plan a été conclu par Abdellah Janati, directeur général de l’Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), et Julio Fortes Ramos, secrétaire adjoint du Commerce et des Affaires étrangères du ministère de l’Agriculture et de l’élevage du Brésil.
Pour le Maroc, cette ouverture est une “étape cruciale pour l’industrie agrumicole nationale”, a souligné Mohammed Sadiki. C’est surtout une bonne opportunité pour augmenter les exportations des agrumes marocains vers les pays d’Amérique latine. Au SIAM, la délégation de l’Union européenne (UE) au Maroc et le ministère de l’Agriculture ont aussi célébré l’ouverture du marché de l’UE aux importations du miel marocain.
Une décision qui fait suite à l’inscription du Maroc, en février dernier, sur la liste des pays depuis lesquels le miel peut être importé dans l’UE. Les producteurs du secteur apicole marocain pourront désormais accéder au plus important marché de miel dans le monde.
“Le partenariat entre l’UE et le Maroc est un partenariat gagnant-gagnant et l’ouverture du marché du miel aux producteurs marocains le symbolise bien : les apiculteurs marocains vont pouvoir bénéficier d’opportunités économiques considérables et les consommateurs européens vont pouvoir découvrir des miels aux nouvelles saveurs grâce au savoir-faire et à la richesse naturelle du Maroc”, a estimé Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l’UE au Maroc.
Pour la responsable, “le travail des apiculteurs est essentiel, tant pour notre plaisir gustatif que pour l’ensemble de l’agriculture et la biodiversité du Maroc”.
L’IA à l’honneur
Les Agro IT Days étaient aussi de retour au SIAM cette année avec un thème des plus actuels : l’intelligence artificielle (IA) pour une agriculture durable et résiliente
Les Agro IT Days étaient aussi de retour au SIAM cette année avec un thème des plus actuels : l’intelligence artificielle (IA) pour une agriculture durable et résiliente. L’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication pour améliorer la gouvernance des différents programmes de développement économique et social de notre pays était au cœur de ces journées.
D’autant qu’ils s’inscrivent directement avec les recommandations du Nouveau modèle de développement. Cet espace d’exposition, représentant tous les fronts de l’écosystème digital lié à l’agriculture et à l’agro-industrie, est également dédié à l’échange d’expériences entre experts et participants, à travers des tables rondes et une masterclass dédiée à l’intelligence artificielle, outre plusieurs ateliers thématiques.
Mohammed Sadiki y a souligné le rôle central de l’IA dans la modernisation du secteur agricole marocain et exprimé la volonté du Maroc de devenir un pôle d’innovation en matière d’agriculture 4.0. L’objectif, selon le ministre, est de connecter deux millions d’agriculteurs et d’utilisateurs à des services en ligne liés à l’agriculture d’ici 2030.
Plus d’un million de visiteurs
L’édition de cette année a vu au total l’organisation de 41 conférences et une participation record de près de 1500 exposants. Le pôle des produits du terroir a, lui seul, accueilli plus de 500 sociétés et coopératives sur une superficie de près de 16.000 m2.
Au total, plus de 1,1 million de visiteurs ont été enregistrés lors de cette édition, qui a connu plus de 70 participants venus des quatre coins de la planète. 45 délégations étrangères ont fait le déplacement au SIAM cette année, sous la conduite de 22 ministres.
Aussi, 83 prix d’excellence ont été remis aux participants : 12 pour les meilleurs exposants, 32 pour les meilleurs éleveurs, 12 pour les meilleures unités de production, 12 pour les huiles d’olive extra vierges de la meilleure qualité, 8 pour les meilleurs travaux de presse dans les domaines rural et agricole et 7 pour des produits du terroir jugés exceptionnels.