Le Collectif pour une législation égalitaire (CLE) est composé de multiples associations marocaines (AWAL, ATEC, le Collectif Démocratie et modernité, Droit et Justice, Collectif 490, Kayna, Zanka Dialna, Zanka Bla Violence, Union féministe libre et Diha Frassek), qui ont décidé de faire converger leurs efforts afin de présenter deux projets : artistique pour le premier et juridique pour le second.
La campagne “Bghatha Lwa9t” y a été présentée par sa créatrice et productrice Sonia Terrab (Studio l’Klaam). Portée par des célébrités féminines de renom, cette campagne se présente sous la forme de capsules émouvantes dans lesquelles huit femmes témoignent de situations d’injustices permises par la loi dont elles ont été victimes, afin de sensibiliser à la nécessité de réformer le code de la famille et le code pénal, et de contribuer au grand chantier de réforme annoncé dans le discours royal du 30 juillet dernier.
« Nous en avions assez de parler sans être entendues, sans être reconnues, nous en avions assez de revendiquer l’égalité, davantage de justice et de vivre ensemble dans un pays où les lois, au lieu de nous protéger, nous mettent constamment en danger. Nous en avions assez de ne pas être soutenues. Alors nous leur avons demandé de parler à notre place, de porter haut et fort nos voix et notre combat, ce combat qui est aussi le leur, le vôtre, à toutes et à tous, le combat pour l’égalité, la justice, pour un Maroc où citoyennes et citoyens sont enfin égaux », a déclaré le CLE.
Cette campagne se décline également à travers un morceau de rap écrit et interprété par la jeune Frizzy et produit par Hadès, producteur de renom ayant bénévolement accepté le défi afin de soutenir la cause.
Des réformes nécessaires
Le rapport “Analyse genre des lois” a quant à lui été présenté par Nidal Azhary, directrice exécutive de l’Union Féministe Libre, Narjis Benazzou, présidente du Collectif 490 ainsi que Mohamed Kilito, cofondateur du mouvement Diha Frassek.
Ce rapport se veut un outil de plaidoyer pour des lois égalitaires en direction des associations féministes et de la société civile, de même qu’il constitue un outil d’accompagnement des initiatives législatives, qu’elles émanent des parlementaires ou des responsables de l’exécutif.
L’étude porte sur les principaux textes et mécanismes considérés comme ayant un impact direct et indirect significatif sur la vie des femmes, aussi bien dans l’espace public, professionnel que privé. Elle a été réalisée dans une approche à la fois analytique, à travers une analyse du cadre normatif et institutionnel, y compris du texte constitutionnel, et participative, à travers des entretiens et des focus groupes.
Sa publication intervient dans le contexte du parachèvement de l’adhésion du Maroc au protocole facultatif de la CEDEF par le dépôt des instruments auprès du Secrétaire Général des Nations Unies le 22 avril 2022, ainsi que de l’examen par le comité CEDEF des 5ème et 6ème rapport du Maroc sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) les 21 et 22 juin 2022, qui a connu une forte mobilisation des ONGs œuvrant pour les droits humains des femmes ayant présenté des rapports parallèles.
Cette analyse genre des lois s’est basée notamment sur les travaux, études, rapports et mémorandums des ONGs de défense des droits des femmes et propose les réformes nécessaires pour l’harmonisation de l’arsenal juridique national avec la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes, CEDEF, la Convention internationale des droits de l’enfant, CIDE et autres conventions ratifiées par le Maroc relatives aux droits des femmes et à l’égalité entre les sexes.