Ils s’appellent Cheikh El Kamali, Cheikh El Amri ou encore Cheikh Redouan pour n’en citer que quelques-uns. Durant ce ramadan, ces prédicateurs 2.0 sont devenus de véritables stars des réseaux sociaux, accumulant des millions de vues sur leurs vidéos diffusées chaque semaine ou presque sur les différentes plateformes virtuelles.
Plus ou moins formés en religion, “ces hommes de foi” partagent une connaissance parfaite des codes et de l’esthétique des réseaux sociaux. Ils alimentent leurs pages avec des vidéos taillées pour la viralité, qui s’apparentent à du développement personnel, ou rediffusent leurs conférences ou prêches.
Face caméra, la voix claire et l’allure plutôt aisée, ils dispensent des rappels aux fidèles, indiquent quelle invocation prononcer à l’approche d’un examen ou pendant le jeûne, mêlant sermons, traits d’humour, mises en scène et emprunts au langage de la psychothérapie.
Certains d’entre eux utilisent même des titres de vidéos avec une sémantique accrocheuse développée sur Internet pour certains contenus viraux afin d’attirer davantage de vues, comme ce titre utilisé par Cheikh Yassine El Amri pour l’une de ses vidéos virales : “Tu célèbres Noël? Est-ce que t’es sérieux cher frère musulman !”.
Mais pourquoi un tel succès ?
Contacté par TelQuel, le chercheur en études islamiques Abdelouahab Rafiki, plus connu sous le surnom de prêcheur Abou Hafs qu’il avait quand il était cheikh salafiste, explique que le secret de la popularité de ces prêcheurs 2.0 réside dans “le vide cognitif et l’état de régression et de retard que connaissent les sociétés arabes, et plus particulièrement la société marocaine”.
Il explique que plus les degrés de rationalité et de conscience sont faibles au sein d’une société, plus l’attrait pour les discours liés à l’invisible et à tout ce qui se trouve au-delà de la nature est grand parce qu’il offre des réponses simplistes et faciles aux questions que se posent les gens.
Cependant, Rafiki estime que ce phénomène n’est pas positif pour la société marocaine, car le discours religieux qui est largement véhiculé par ces influenceurs islamiques ne traite pas des aspects spirituels… Lire la suite.