En matière de médecine publique, la sonnette d’alarme est tirée depuis plusieurs années : l’hôpital marocain manque de moyens et de bras. Et ce qui est vrai dans presque toutes les spécialités est d’autant plus criant en psychiatrie.
Dans une étude présentée à l’occasion de la Journée internationale de la santé mentale, le 10 octobre 2022, le CESE a notamment appelé à “l’élaboration de politiques et programmes publics concertés de promotion de la santé mentale et prévention de troubles mentaux et des risques psychosociaux”, faisant, dans la foulée, plusieurs préconisations pour améliorer la prise en charge des maladies mentales dans le royaume.
Parmi elles, “élaborer des politiques et programmes publics concertés de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux et des risques psychosociaux adossés à des indicateurs chiffrés et mesurables et à des études d’impacts sanitaires et sociaux”, “agir sur les déterminants socioculturels de la santé mentale et psychique des individus (lutter contre les discriminations, les violences, le harcèlement, la précarité, l’isolement et la solitude) et détecter précocement les idées et comportements suicidaires chez les enfants et les jeunes”.
Mais également “revoir et mettre à jour la Nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) concernant la prise en charge des troubles mentaux et la Tarification nationale de référence qui y est associée, en tenant compte des évolutions médicales de la prise en charge des troubles mentaux et en veillant à une tarification raisonnable”. Entre autres.
L’urgence psychique se serait incrustée ces deux dernières années avec la crise sanitaire… La conséquence: “une augmentation de presque 30% de certains troubles psychiques”
Car les chiffres sont là, suffisamment alarmants pour qu’on ne détourne plus les yeux : 48,9% de la population marocaine, âgée de 15 ans et plus, ont ou ont déjà eu des signes de troubles mentaux, selon l’enquête nationale du ministère de la Santé sur les prévalences des troubles mentaux en population générale. Et la pandémie n’a pas arrangé les choses : l’urgence psychique se serait incrustée ces deux dernières années avec la crise sanitaire et les deux confinements qui en ont résulté.
La conséquence: “une augmentation de presque 30% de certains troubles psychiques comme les troubles dépressifs, les troubles anxieux, les troubles du sommeil, les troubles du comportement. La propagation rapide du virus, la contamination et/ou le décès d’un proche, l’isolement, la baisse de la sociabilité… Tout ça a fait que nos psychés ont aussi été touchées par la pandémie”, selon le Dr Omar Battas, chef du service psychiatrie au CHU Ibn Rochd et enseignant à la Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université Hassan II à Casablanca. Lire la suite…