Ligue africaine des champions : les clés pour comprendre la polémique sur la tenue de la finale au Maroc

Déboutée par la Confédération africaine de football (CAF), la fédération égyptienne de football a saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS). Objectif affiché ? Faire jouer la finale de la Ligue africaine des champions en “terrain neutre” alors que la CAF avait choisi Casablanca pour l’abriter. La polémique est d’autant plus vive que le carré final pourrait mettre aux prises l’Égyptien Al Ahly du Caire et le Wydad Casablanca.

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Les supporters du Wydad au Stade Mohammed V, en 2018. Crédit: Joseph Ouechen

En dernier recours, la fédération égyptienne de football s’est tournée vers le TAS (Tribunal arbitral du sport). De l’institution indépendante basée à Lausanne, elle espère obtenir que la finale de la Ligue africaine des champions, programmée le 30 mai prochain au stade Mohammed V de Casablanca, soit délocalisée en “terrain neutre”.

En demi-finale aller une semaine plus tôt, le club égyptien d’Al Ahly a étrillé son adversaire algérien de l’ES Sétif (4-0) au Caire. De son côté, le Wydad de Casablanca s’est imposé (3-1) sur le terrain du club angolais, le Petro Atlético à Luanda. Presque assuré d’être en finale de la compétition, Al-Ahly devrait défendre son titre de double champion en titre face au Wydad… devant son public. Un avantage que le club égyptien veut retirer à l’équipe casablancaise.

Ce qui a été annoncé : Dans un communiqué diffusé ce jeudi 12 mai, la Confédération africaine de football (CAF) a confirmé la tenue de la finale de la Ligue africaine des champions le 30 mai prochain au stade Mohammed V de Casablanca. L’instance dirigeante du football africain a aussi répondu à la demande du club égyptien de transférer la tenue de cette finale dans un “terrain neutre”.

Si elle indique comprendre les “plaintes et les préoccupations soulevées par Al Ahly SC et la Fédération égyptienne”, la CAF refile la patate chaude à l’ancienne direction. “La CAF était obligée d’adhérer et de mettre en œuvre la décision qui avait été prise par la précédente direction de la CAF en juillet 2019, à savoir que la finale de la TotalEnergies Champions League serait une finale en un seul match plutôt que la finale habituelle en deux manches à domicile et à l’extérieur”, justifie l’institution dans son communiqué.

Le contexte : Lundi 9 mai, la Confédération africaine de football (CAF) a indiqué que la finale de la Ligue africaine des champions se tiendrait le 30 mai prochain au stade Mohammed V de Casablanca. Tout de suite après cette annonce, le club Al-Ahly du Caire s’était indigné de cette décision en mettant en avant la probabilité quasi certaine de qualification des deux clubs, marocain et égyptien, pour la finale. Pour le double tenant du titre, cette finale devrait se jouer “en terrain neutre” pour ne pas concéder au club casablancais l’avantage de jouer devant son public.

En amont de sa décision, la CAF avait lancé un appel à candidatures à ses 54 fédérations pour être l’hôte de la finale de la compétition. Après le rejet des dossiers de l’Afrique du Sud et du Nigéria pour manquements aux “critères de candidature du pays hôte”, le Maroc et le Sénégal étaient les seuls pays en lice. Dans son dernier communiqué, la CAF explique avoir “attribué la finale de la TotalEnergies CAF Champions League au Maroc, après que le Sénégal a retiré sa candidature”, l’Égypte ayant choisi de ne pas postuler.

Pourquoi cela compte ? En confortant son choix de faire jouer la finale au Maroc, la CAF met fin aux espoirs de l’Égypte de déplacer la compétition. Pour calmer la grogne égyptienne, l’instance explique que “des discussions sont en cours au sein de la CAF pour revenir à l’ancienne finale aller-retour à domicile et à l’extérieur pour déterminer le vainqueur de la TotalEnergies CAF Champions League, plutôt que la finale aller simple”. Même si elles aboutissent à un format d’une finale aller-retour, les décisions ne s’appliqueront pas à la finale 2022. Sauf grosse surprise venue du TAS, celle-ci se tiendra bien à Casablanca.

Dans leurs analyses, plusieurs observateurs inscrivent la tenue de la finale au Maroc sur le compte de l’influence grandissante de Fouzi Lekjaa dans le football africain. Membre du bureau exécutif de la CAF, le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) aurait joué de son entregent pour obtenir le désistement du Sénégal afin que la finale se tienne au Maroc et avantage le Wydad dans la course au titre.

On voit aussi la main de Lekjaa dans la volonté du Libéria de délocaliser au Maroc tous ses matchs pour les éliminatoires de la CAN2023, alors qu’il est dans le même groupe que le Maroc. Également dans le même groupe, l’Afrique du Sud a fait savoir qu’elle rejette d’ores et déjà cette configuration

Pour en savoir plus : Il faudra attendre le verdict des demi-finales retour pour connaître l’affiche finale. Au complexe sportif Mohammed V de Casablanca, la première rencontre opposera, ce vendredi 13 mai à 20 heures, le Wydad au Petro Atlético. Le lendemain au Stade du 8 mai, l’ES Sétif recevra à domicile Al Ahly. Même si tout semble joué d’avance, le foot peut réserver parfois quelques surprises !