Basée à Toulouse dans le sud de la France, l’Association française des talents juridiques (AFTJ) rassemble des juristes franco-marocains avec pour mission d’accompagner la communauté musulmane en Europe dans son parcours juridique, particulièrement en ce qui concerne le droit fiscal et celui des sociétés. Mais depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’AFTJ s’est portée volontaire pour assister les étudiants et ressortissants marocains désirant quitter l’Ukraine vers les pays frontaliers.
« Nous avons déplacé quatre de nos juristes à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, à Przemyśl et Stryy. Un autre collaborateur est en route pour la Moldavie mais les conditions de circulation sont désastreuses et l’attente est interminable », explique à TelQuel Rachid Abardi, avocat franco-marocain co-fondateur de l’AFTJ. Pour ce qui est de la Moldavie, Me Abardi indique qu’il y a « beaucoup recours à la corruption pour laisser passer les réfugiés » et que son association n’a pas encore pu y dépêcher de collaborateur.
« Notre mission est de faire respecter les droits des réfugiés marocains en vertu de l’article 33 de la convention de 1951 [relative au statut des réfugiés, ndlr] », ajoute-t-il. Celui-ci dispose, dans son premier alinéa, qu’« aucun des Etats contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté seraient menacées en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ».
Un passage « privilégié »
Me Abardi confie que grâce au statut d’association, l’AFTJ peut assurer un passage « privilégié » à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. « Comme d’autres ONG, nous avons accès à un officier à la frontière. Nous accueillons à un point de rencontre les personnes souhaitant traverser, puis nous exposons les arguments de droits aux autorités afin de faciliter leur passage », détaille notre interlocuteur, reconnaissant que « c’est compliqué, entre les soucis de langue et la peur des officiers qui ont des ordres qu’ils reçoivent d’en haut ».
Sur les médias sociaux, plusieurs internautes et reporters ont fait état d’une discrimination de la part des officiers ukrainiens qui empêchent les ressortissants africains ou asiatiques de monter à bord des bus ou des trains les conduisant vers les pays voisins, afin de prioriser les Ukrainiens ou les personnes de couleur blanche.
Mais les juristes dépêchés sur le terrain par l’AFTJ réussissent selon Me Abardi à obtenir gain de cause « au bout de quelques heures ». D’après les échos arrivant de la zone de conflit, l’AFTJ a pu accompagner 16 personnes dont six étudiants marocains, trois Sénégalais et deux Ethiopiens dans leur traversée de l’Ukraine vers la Pologne ces derniers jours. « Nous sommes sollicités mais nous n’avons pas beaucoup de moyens. Nous lançons un appel aux juristes pour se rallier à notre cause », déclare l’avocat.
Depuis le début de l’intervention militaire russe en Ukraine, 1534 Marocains ont franchi les frontières vers les pays limitrophes, notamment la Roumanie, la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie, selon une source diplomatique consultée lundi 28 février par TelQuel.
12.000 ressortissants marocains dont 8.000 étudiants vivent en Ukraine. Certains ont déjà pu rejoindre le Maroc à travers les vols spéciaux organisés par les transporteurs nationaux. Pour répondre à la forte demande, la Royal Air Maroc a annoncé la programmation de trois nouveaux vols spéciaux destinés aux Marocains établis en Ukraine. Les départs sont prévus pour le 3 mars depuis Bucarest, Budapest et Varsovie.
Pour contacter l’AFTJ :
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