Exclusion du Swift : quelles conséquences pour l’économie russe ?

Dans le cadre des sanctions des Occidentaux contre la Russie, plusieurs banques russes ont été exclues du Swift. En quoi consiste ce système et quels seraient les effets d’une telle sanction sur l’économie du pays ?

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Le réseau Swift permet, entre autres, la transmission des informations bancaires nécessaires à une transaction. Un moyen de faciliter le transfert d’argent à l’international. Crédit: AFP

Qu’est-ce que le Swift ?

Swift est l’acronyme de Society of Worldwide Interbank Financial Telecommunication. Il s’agit de l’un des réseaux de messagerie bancaire et financière les plus importants, permettant les règlements interbancaires entre les établissements financiers internationaux.

Créée en 1973, la société Swift, basée en Belgique, a lancé son propre réseau en 1977. Ouvert en 2001 aux entreprises privées, il permet, entre autres, la transmission des informations bancaires nécessaires à une transaction. Un moyen de faciliter le transfert d’argent à l’international.

Pourquoi priver les banques russes de Swift ?

Près de 300 banques russes utilisent ce réseau. Priver ces banques de ce système réduirait fortement leurs relations avec les banques internationales. Selon le dernier rapport de Swift, environ 42 millions de messages quotidiens sont passés par ce réseau en 2021, soulignant que Swift est la plateforme de choix pour les institutions financières du monde entier, et démontrant la pertinence de ce système pour la croissance future de l’économie numérique.

Selon la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, “cela les empêchera d’opérer dans le monde entier et bloquera effectivement les exportations et les importations russes”.

Est-ce une solution durable ?

L’exclusion de ce système aurait à court terme des conséquences dévastatrices. Pour rappel, en 2012, une trentaine de banques iraniennes avaient été exclues du système Swift dans le cadre d’une sanction à l’encontre du gouvernement du pays.

Selon une note du Carnegie Moscow Center, l’impact de cette sanction s’est directement fait ressentir. En effet, “après la déconnexion des banques iraniennes de Swift, le pays a perdu près de la moitié de ses revenus d’exportation de pétrole et 30 % de son commerce extérieur”, indique la note. Cependant, l’application de cette sanction ne semble pas fiable sur le long terme, car certaines entreprises implantées en Russie pourraient être mises en difficulté.

De plus, ayant déjà été menacée d’exclusion du Swift en 2014 lors de l’annexion de la Crimée, la Russie avait créé SPFS, son propre système de messagerie bancaire, système auquel plus de 400 banques du pays ont déjà adhéré.

Comment la Russie fait-elle face à ces sanctions ?

Face aux sévères sanctions économiques décrétées par les Occidentaux, la Banque centrale russe a relevé, ce lundi, son taux d’intérêt directeur très fortement, de 9,5 % à 20 %, une augmentation de 10,5 points de son outil principal de lutte contre l’inflation.

Dans une autre tentative de soutenir l’économie nationale, mise en danger par les retombées croissantes des sanctions occidentales suite à la crise ukrainienne, la Banque centrale et le ministère des Finances ont également ordonné conjointement aux entreprises exportatrices russes de vendre 80 % de leurs recettes en devises sur le marché.