Conseil national du PJD : que faut-il retenir du discours de Abdelilah Benkirane ?

Le PJD a tenu le 19 février une session ordinaire de son conseil national. L’occasion pour son secrétaire général Abdelilah Benkirane de s’exprimer sur les sujets qui préoccupent les dirigeants du parti islamiste. Durant une bonne heure et demie, l’ancien chef du gouvernement s’est livré sur de nombreux sujets, dont certains considérés sensibles, en assumant certaines erreurs commises par son parti.

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Le secrétaire général du PJD Abdelilah Benkirane, le 4 décembre 2021. Crédit: PJD TV

Lors de la session ordinaire du Conseil national du Parti de la justice et du développement (PJD), le secrétaire général du parti Abdelilah Benkirane s’est exprimé dans un long discours sur de nombreux sujets d’actualité, notamment la colère populaire contre le chef du gouvernement, et la hausse des prix du carburant.

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Benkirane a même saisi l’occasion pour revenir sur des dossiers polémiques, assumant la responsabilité de certains et alertant sur les “vraies intentions” derrière d’autres.

Sur “Akhannouch dégage”

Abdelilah Benkirane s’est opposé à “ceux qui réclament le départ de Si Aziz Akhannouch”, jugeant ces revendications prématurées. “Malgré notre position sur les résultats des dernières législatives, et le fait qu’Akhannouch soit responsable du blocage, je désapprouve les dernières réclamations de son départ. (…) Il faut lui donner du temps pour mieux évaluer le rendement de son équipe”, a-t-il estimé.

Il a ensuite insisté sur le fait que la substitution d’Akhannouch par une autre personne ne pourrait se faire que par l’organisation d’élections anticipées, et non par un remplacement par une autre personnalité de son parti.

Sur ses propres erreurs

Abdelilah Benkirane ne s’est pas contenté d’attaquer ses adversaires politiques ; il a également reconnu les “erreurs” commises par son parti, assumant la responsabilité de certaines et “promettant” de corriger les autres.

En effet, le secrétaire général du PJD a (enfin) reconnu que la réforme de la caisse de compensation n’était pas dans l’intérêt des citoyens. “J’ai pris cette décision pour sauver l’État, j’ai réduit le coût de la caisse de compensation à 17 milliards de dirhams seulement, alors qu’il s’élevait à 57 milliards avant la réforme. Je voulais supprimer même ces 17 milliards, mais certains membres du gouvernement n’étaient pas d’accord”, a-t-il affirmé.

Sur Israël et l’enseignement en français

Autres erreurs à corriger, dont Benkirane n’assume pas la responsabilité, la position du gouvernement El Othmani sur la loi-cadre de l’enseignement, visant à adopter le français comme langue d’enseignement des matières scientifiques. Pour le leader des islamistes, cette loi cache “une conspiration visant l’identité, la religion, les fondements de la société, la relation des Marocains avec le Coran, le patrimoine musulman et la ouma arabo-musulmane”.

Quant à la normalisation des relations avec Israël, Benkirane s’est contenté de s’opposer à la décision, tout en évitant de la qualifier d’erreur “puisqu’il s’agit d’une décision prise par l’État”.

Sur le quotient électoral

Il a également critiqué la position des anciens ministre PJDistes sur les lois liées à la légalisation du cannabis et au quotient électoral, insistant sur la seconde. “M. Saad-Eddine devait recourir à l’article 103 de la Constitution pour tenter de bloquer ce quotient”, a-t-il déclaré

Pour rappel, l’article 103 de la Constitution dispose que “le chef du gouvernement peut engager la responsabilité du gouvernement devant la Chambre des représentants sur une déclaration de politique générale ou sur le vote d’un texte. La confiance ne peut être refusée ou le texte rejeté qu’à la majorité absolue des membres composant la Chambre des représentants. Le vote ne peut intervenir que trois jours francs après que la question de confiance a été posée. Le refus de confiance entraîne la démission collective du gouvernement”.