Il y a 2 millions d’années, l’être humain n’a cessé d’innover, pour améliorer ses conditions de vie et pour s’adapter à la nature. Les Homo habilis ont créé les plus anciennes industries de pierre taillée ; ce sont surtout des galets en silex peu modifiés par percussion, dont la morphologie ressemble toujours aux silex cassés naturellement. Les galets sont taillés généralement sur une seule face pour confectionner un outil (chopper) ou pour obtenir des éclats tranchants. Ces outils devaient lui permettre de découper des morceaux de viande ou de casser des os.
Il faudra ensuite attendre près de 1,8 million d’années pour qu’Homo sapiens, du fond de sa caverne, développe une gamme complète de pierres façonnées et adaptées aux divers besoins quotidiens. Le domaine médical n’a pas échappé à cette vague d’industrialisation ; la médecine, en passant progressivement de croyance à science, a suivi cette évolution. Les guérisseurs des périodes antiques ont imaginé et conçu des outils leur permettant de soigner leurs semblables.
Les Égyptiens semblaient précurseurs en termes de technologies médicales en utilisant des dilatateurs en cuivre pour traiter les sténoses urétrales. Les écrits laissés par les Grecs ou les Hindous font mention de l’utilisation de différents cathéters pour faciliter le drainage vésical.
La première innovation médicale
Une question se pose : à quand remonterait la première innovation médicale des temps modernes ? le premier dispositif médical ?Sans doute à 1894. Cette année-là apparaît le premier dispositif médical commercialisé à grande échelle et normalisé : la seringue “moderne” tout en verre.
Puis, tout au long des millénaires, sans relâche, les médecins les ont perfectionnés, leur permettant d’exercer un art toujours plus performant. C’est à partir de là que le domaine des soins de santé a changé de paradigme, et la constante course à l’innovation technologique fut l’indispensable moteur de la performance médicale.
La médecine du XXIe siècle peut s’enorgueillir de progrès considérables : les procédures chirurgicales deviennent robotisées, moins traumatiques, plus ergonomiques et moins invasives ; les dispositifs médicaux sont plus performants, communicants et connectés ; la médecine ambulatoire a pris son essor avec l’avènement de la télémédecine et des télécabines, et l’e-patient a renforcé sa capacité d’agir sur les facteurs déterminants de sa santé, “l’empowerment du patient”. Les prothèses internes se perfectionnent, grâce aux dernières avancées en matière de bio-ingénierie.
Médecine 4.0
Une nouvelle médecine est en train d’émerger, la médecine 4.0 a osé faire le pas de la digitalisation ; l’imagerie tridimensionnelle, le pouvoir connexionniste des algorithmes de l’IA ; la planification chirurgicale à l’aide de logiciels spécifiques utilisant l’intelligence artificielle ; la création d’implants personnalisés ou adaptables permettant de faire face aux situations les plus complexes.
Ces développements technologiques nécessitent évidemment un éveil politique, éthique, social et de gros investissements financiers
Le diagnostic précis basé sur l’IA (diagnostic de la rétinopathie diabétique au fond d’œil, premier algorithme diagnostique direct de l’IA à avoir été reconnu par la Food and Drug Administration [FDA], en avril 2018) ; la reconnaissance et classification automatique et instantanée de cancers cutanés ; la lecture automatique d’électrocardiogrammes, la détection d’arythmies (holterECG connecté) ; et la chimiothérapie personnalisée.
L’histoire de la médecine reste indissociable de l’innovation, portée par des générations de concepteurs, ingénieurs, médecins, cliniciens, puis des développeurs, startuppers, data-scientistes et autres chercheurs. Ces développements technologiques nécessitent évidemment un éveil politique, éthique, social et de gros investissements financiers.
Vers une médecine à deux vitesses ?
Renoncer au progrès ne semble actuellement pas d’actualité. Il convient dès lors de déterminer qui devra assumer les coûts de l’innovation : les citoyens ? les professionnels de santé ? les startups ? l’assurance maladie ? l’État ou les contribuables ? Les stratégies sont encore en cours d’analyse et le débat reste ouvert.
Dans l’attente de clarification, l’e-santé et la Medtech avancent sans arrêt, et une médecine à deux vitesses pointe son nez. Certains établissements de soins se transforment en smart, d’autres préfèrent garder les techniques conventionnelles et restreignent l’utilisation des technologies de pointe. D’autres institutions envisagent de reporter les coûts directement sur les seuls patients dotés de moyens financiers suffisants pour les supporter.
En matière de technologies innovantes, une prise de position des autorités politiques, visant à garantir l’égalité d’accès aux soins à tous les bénéficiaires, constitue une priorité ! Pour une refonte smart du système de santé…