Vous l’avez certainement déjà entendu, aucune grossesse ne ressemble à une autre. Une même femme pour chaque enfant vivra une expérience bien particulière. Il s’agira toutefois ici du premier trimestre d’une première grossesse que l’on souhaite mener à terme. C’est une longue liste de première fois, aussi bien pour le corps, la perception du corps, les émotions, le mental, le couple, mais aussi pour l’enfant, la famille à naître.
Notre conseillère spéciale
Aucune grossesse ne se ressemble. Mais il est tout de même quelques points communs, quelques conseils ou informations qui peuvent être utiles à toutes (et à tous !). Ainsi, dans l’optique de suivre au plus près les indications de l’OMS sur le sujet, nous avons respecté l’une des plus importantes, à savoir se rapprocher d’une sage femme, actrice principale et première interlocutrice de la femme et de l’enfant de 0 à 5 ans.
C’est à Lætitia Rustenmeyer que nous avons fait appel pour partager avec nous son savoir, confirmer ou infirmer nos conseils, nous aider à vous guider en ce premier trimestre de grossesse. Sage-femme libérale à Casablanca, diplômée de l’Université de Nice Sophia Antipolis, sa spécialité est la préparation à la naissance et à la parentalité. Elle accompagne les futurs et nouveaux parents pour développer leur autonomie à travers des formations “Pour naître parent” qui englobent la grossesse, l’accouchement et le post-partum.
Lætitia Rustenmeyer est également vice-présidente de l’Association marocaine des sages-femmes de Casablanca et formatrice Apprenti-Sage des professionnels de Santé.
1, 2, 3… clichés
C’est par ces premiers symptômes que l’on dépeint de façon générique la femme enceinte à travers le temps et l’espace. Bien que l’on puisse ne pas les voir arriver (encore une fois, chaque grossesse est unique), ce sont les symptômes classiques d’un premier trimestre.
Tout d’abord, cette période est souvent marquée par une importante fatigue. Elle peut même, avant que l’on en ait identifié la cause, mener à un ou deux évanouissements. Pas de panique cependant, rien de plus normal : le corps identifie ce qui se passe, essaie de s’ajuster, et dans ce processus, consomme toute l’énergie qu’il a dans les premiers développement du fœtus.
L’autre symptôme, peut-être le plus redouté et le plus courant, est la nausée (qui touche 75% des femmes), voire les vomissements. Ils ont la réputation d’être plutôt du matin mais sachez tout de même que les nausées ne suivent aucun planning. Il est vrai qu’elles se mettent en route avec votre organisme à votre réveil, mais leurs allées et venues peuvent être aussi aléatoires.
Pendant ce temps, dans la matrice de bébé
Période intense que ce premier trimestre pour le futur bébé. Les étapes vont vite : il passe d’œuf fécondé à embryon avant de devenir fœtus. Dès la fin du premier mois, on peut voir apparaître les bourgeons de ses membres, son système nerveux ainsi que ses organes.
À la fin du trimestre, sa morphologie sera presque complète avec un cœur battant, un squelette qui se fortifie de jour en jour et son petit visage dont les traits deviennent peu à peu siens. Il commence également à grandir. Il passe en effet de minuscule cellule à peine mesurable à une dizaine de centimètres pour une cinquantaine de grammes. Et puis côté émotion, même si on ne peut pas encore vraiment le sentir, on peut le voir bouger à l’échographie.
Forme et physique
L’un des premiers signes d’apparence de votre grossesse devrait apparaître au niveau de la poitrine. Elle se prépare, elle aussi, à accueillir bébé et prend du volume. Si elle devient douloureuse par moment ou tire, pas de panique, c’est tout à fait normal.
Vers la fin de ces trois premiers mois, le ventre peut commencer à s’arrondir. Une fois de plus, si ce n’est pas le cas, pas de quoi s’alarmer, chacune son rythme. Par ailleurs, comme le veut la coutume selon laquelle on ne fait pas d’annonce les trois premiers mois, il n’est pas plus mal que l’on ne remarque pas encore de “baby bump”.
Cette coutume commence peu à peu à être revue au niveau émotionnel. En effet, le silence des premiers mois peut mener à une solitude qui n’est pas voulue. Cette solitude s’accroît en cas de fausse couche, personne n’étant au courant pour apporter un soutien émotionnel. À cette étape, la prise de poids n’est pas encore significative, mais les envies, elles, peuvent avoir commencé.
Outre le poids ou l’apparition de l’arrondi de la grossesse, ce qu’il y a de plus important à surveiller lors de cette période, ce sont les douleurs abdominales anormales ou subites, voire les saignements. Cela peut n’être rien (l’implantation de l’œuf, tout simplement), mais cela peut aussi être synonyme de fausse couche ou de grossesse extra-utérine s’ils sont abondants. Il est donc primordial de consulter votre sage femme, votre gynécologue ou médecin traitant en urgence.
Miroir, miroir…
Nausées, ventre qui s’arrondit, bébé qui pousse tout doucement, énergie drainée, tout cela influe également sur votre apparence physique. Elles sont la hantise des femmes enceintes : les tâches brunes. Sous forme de pellicules marron clair, elles se posent sur la peau du visage ou des zones exposées au soleil (même en hiver) comme les mains. Malheureusement, une fois qu’elles sont là, peu de chances de s’en débarrasser.
L’hydratation joue un rôle important aussi dans votre bien-être, pour combattre ces éventuelles taches brunes mais aussi prévenir les vergetures. Ce n’est en effet que le premier trimestre, et elles n’apparaîtront pas tout de suite. Mais lorsque leur tour arrive, si votre peau est préparée (sur le ventre, la poitrine mais aussi des zones moins évidentes comme au niveau des reins ou des bras), leurs effets seront catégoriquement réduits.
Comme mentionné plus haut, votre énergie diminuera de façon importante. Cela peut être accompagné de chute de cheveux, de changement de leur qualité (en mieux comme en moins bien, d’ailleurs), d’ongles cassants. Une fois encore, il ne faudra pas hésiter à demander conseil pour accompagner vos repas de compléments alimentaires bios compatibles avec une grossesse.
Dans la tête
Il s’en passe des choses. Le moral va et vient, l’enthousiasme monte au sommet des montagnes pour s’enfoncer dans les abysses, des centaines de questions se bousculent. On peut entendre alors de tout face aux questionnements lorsque l’on ose ou souhaite partager ses pensées. Du jugement : “Et comment elles faisaient nos grands-mères et arrière-grands-mères ?”, de la diminution : “Oui c’est normal, mais ça va vite passer, c’est rien”, de la panique “J’ai pas eu ça moi, c’est pas normal, y a un problème”…
Comme pour tout le reste, quand bien même l’envie ou l’habitude de communiquer avec son entourage direct est saine, il ne faut surtout pas refouler le besoin d’en parler à un professionnel de santé. Car l’important ici est de réaliser que votre santé mentale est désormais d’autant plus importante qu’elle est liée à celle de celle ou celui qui grandit en vous. Ici aussi, vous pouvez consulter rapidement votre sage femme pour poser vos questions, c’est aussi son rôle de vous répondre.
Et papa ?
Non, nous ne vous avons pas oublié. Car si vous ne le portez pas, cette maternité vous concerne tout autant. Ces trois premiers mois sont pour vous un rite de passage. Celui pendant lequel il va falloir trouver un nouvel équilibre : entre vous et madame, vous et le ventre de madame, puis vous avec vous-même. Vous allez être sollicité pour être un soutien presque infaillible : l’écoute, la communication, le compromis, la patience et le sport (histoire de vous défouler) seront vos meilleurs amis.
Parallèlement, l’euphorie de devenir père pourra éventuellement laisser place à des peurs, un sentiment d’insécurité peut-être, le poids de la responsabilité grandira de jour en jour. N’hésitez pas à partager ces émotions nouvelles, aussi bien avec votre moitié qu’avec des professionnels de santé qualifiés, histoire de ne pas laisser l’anxiété vous gâcher ces moments voués à devenir les plus beaux souvenirs de votre vie.