A la veille de la nomination du Marocain Jamal Eddine El Aloua à la tête du Conseil exécutif de l’ICESCO suite aux travaux du 42e Conseil exécutif de l’instance, qui se sont tenus ce lundi 6 décembre au Caire, le quotidien arabophone Assabah a révélé, dans son édition du week-end, une ténébreuse affaire d’espionnage qui secoue le siège de l’organisation islamique, implanté dans le quartier Hay-Riad à Rabat.
L’ingénieur informatique de l’ICESCO a été placé en détention préventive dans l’attente de son procès devant le Tribunal de première instance de Rabat. Aux côtés d’une autre personne, poursuivie en état de liberté, celui qui est chargé de la gestion du site internet de l’organisation et de la coordination des visioconférences croule sous neuf chefs d’accusation, dont “menaces de mort”.
Pour brouiller les pistes, l’ingénieur informatique aurait créé une vingtaine à une trentaine de groupes WhatsApp et changé plusieurs fois de numéro de téléphone
C’est le service de lutte contre le crime informatique qui a découvert pot aux roses. En remontant des traces numériques, cette unité spéciale de la préfecture de police de Rabat a pu établir que le mis en cause aurait été en contact avec un ancien retraité de l’ICESCO résidant en Tunisie qui lui aurait fourni les codes d’accès aux serveurs de l’institution.
L’ingénieur aurait ensuite fait fuiter des informations confidentielles et sensibles à une trentaine de personnalités, membres de l’organe exécutif de l’ICESCO. Parmi ces personnalités figure Abdelhakim Belabed, l’actuel ministre algérien de l’Éducation.
Pour brouiller les pistes, l’ingénieur informatique aurait créé une vingtaine à une trentaine de groupes WhatsApp et changé plusieurs fois de numéro de téléphone. Un procédé qui lui aurait permis d’adresser des menaces de mort à l’encontre du directeur général de l’ICESCO, le Saoudien Salim Bin Mohammed Al Malik, et son épouse, mais aussi des insultes à des fonctionnaires de l’organisation.
L’expertise technique d’un des téléphones par le laboratoire national d’analyse des traces numériques aurait permis de remonter les fils de cette affaire.
Au sein de l’ICESCO, le mutisme est de mise. Jointe par TelQuel, une source au l’organisation s’est refusé à tout commentaire. “Concernant l’affaire de l’ingénieur, l’enquête est menée par les autorités marocaines, sans intervention de l’organisation”, s’empresse de clore notre source. Pour l’heure, le mis en cause nie avoir livré des informations au ministre algérien.
Pour autant, son complice tunisien aurait révélé à la femme du mis en cause (de nationalité tunisienne) avoir appris l’arrestation de son mari via une personnalité influente vivant à Rabat. C’est aux côtés de cette personnalité, poursuivie en état de liberté, que le prévenu comparaîtra la semaine prochaine pour une affaire qui n’a pas encore livré tous les secrets.