Je me souviens avoir accueilli avec beaucoup d’enthousiasme la naissance de TelQuel, c’était un moment très fort, qui marquait une sorte de libération de la parole autour de sujets de société qui émergeaient pour la première fois.
Pendant ces vingt dernières années, j’ai été et continue d’être une lectrice fidèle du magazine. Ça reste un média auquel je suis très attachée.
Si je devais choisir une couverture qui m’a marquée, je dirais celle du coming-out de mon ami Abdellah Taïa : elle était d’un courage immense, et c’était un cadeau à tous les homosexuels du Maroc. Je ne l’oublierai jamais.
TelQuel doit continuer à exister dans les vingt prochaines années, parce que nous avons besoin d’une multiplicité de journaux, capables de défendre des visions différentes de l’information et de la société, parce que c’est un journal qui a apporté des débats sur des sujets où les gens étaient encore timides, comme l’homosexualité ou encore la question de la place de l’islam dans la vie des gens.
Je pense aussi que TelQuel doit continuer d’exister parce qu’il est important de défendre la langue française, qui n’est pas seulement la langue de l’ancien colonisateur, mais qui est devenue une langue à part entière que l’on parle au Maroc, parmi d’autres.