Quelques heures après le premier Conseil de gouvernement qu’il a dirigé, Aziz Akhannouch était attendu, le lundi 11 octobre à 17 heures au Parlement, pour présenter son programme gouvernemental aux nouveaux élus des deux chambres réunies, conformément à l’article 88 de la Constitution. Un programme dont les contours ont été révélés à la suite de la première réunion officielle du nouvel Exécutif.
D’après un communiqué du département du chef de gouvernement, cette feuille de route repose sur des axes fondamentaux visant à soutenir les piliers de l’État social, à stimuler l’économie nationale de manière à promouvoir l’emploi et à consolider la bonne gouvernance dans la gestion publique.
Trois axes stratégiques — puisés dans le nouveau modèle de développement ainsi que les programmes électoraux des trois partis de la coalition gouvernementale — que le président du RNI n’a pas manqué de souligner dans son exposé à l’hémicycle, en présence de sa nouvelle équipe fraîchement nommée.
Devant les élus des deux chambres, Aziz Akhannouch a précisé que le nouvel Exécutif avait fixé “dix grands engagements pour activer le principe de reddition des comptes, ainsi que pour faciliter le suivi et l’évaluation du bilan gouvernemental”.
Le chef de gouvernement s’engage ainsi à créer au moins un million de postes d’emploi net au cours des cinq prochaines années, augmenter le taux d’activité des femmes de plus de 30% au lieu de 20% actuellement, et mettre en œuvre la protection globale.
Autres engagements prononcés par Aziz Akhannouch : protection et élargissement de la classe moyenne et création des conditions socio-économiques favorables à l’émergence d’une classe agricole moyenne dans le monde rural ; mobilisation du système éducatif, toutes composantes confondues, pour placer le Maroc dans le Top 60 des meilleurs pays dans le monde en la matière ; mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, notamment à travers la création d’un fonds spécial doté d’un milliard de dirhams d’ici 2025. Le tout, avec une amélioration progressive des équilibres macroéconomiques du royaume.
Sur les dix engagements de son gouvernement, Aziz Akhannouch n’en prononcera que six devant les élus des deux chambres réunies. Son exposé lu ce 11 octobre à l’hémicycle, diffusé plus tard sur le site de la Chambre des représentants, énumère lui aussi six engagements sur les dix promis.
Quid alors des quatre autres engagements ? Il faut attendre la publication, sur le même site, du programme gouvernemental pour les connaître. Il s’agit d’augmenter le taux de croissance de 4 % en moyenne durant les cinq prochaines années ; sortir un million de familles de la pauvreté et la précarité ; réduire les disparités sociales à moins de 39 % au lieu de 46,4 % selon l’indicateur de Gini ; généraliser le préscolaire pour tous les enfants à partir de 4 ans, avec la mise en place d’une gouvernance durable et efficace pour contrôler la qualité.
Les quatre engagements manquants sont effleurés à différents moments dans l’exposé d’Aziz Akhannouch, les chiffres en moins. De fait, le chef du gouvernement s’est étalé, devant les élus, sur la nécessité du préscolaire sans évoquer sa généralisation, sa volonté de réduire les disparités sociales et territoriales, ainsi que la pauvreté et la précarité sans fixer d’objectif chiffré. Même le taux de croissance a été abordé, lorsque le chef de l’exécutif a tablé sur une amélioration progressive des équilibres macroéconomiques du royaume.
Pourquoi alors Aziz Akhannouch n’a-t-il pas évoqué devant les élus des deux chambres ces quatre engagements chiffrés, pourtant disponibles sur son programme gouvernemental ? Que s’est-il passé entre le Conseil de gouvernement tenu le matin même et l’allocution prononcée devant les deux chambres ? Écarter quatre engagements d’un total de dix avait-il pour but un simple gain de temps sur un exposé ayant duré 57 minutes ?
Contacté par TelQuel, le nouveau porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, n’a pas donné suite à nos sollicitations.