Avec sa nomination au poste de ministre de l’Équipement et de l’Eau dans la nouvelle équipe gouvernementale, Nizar Baraka se place parmi les artisans des futurs grands projets. Chemin faisant, cet homme du sérail diversifie son CV d’homme d’État.
À 57 ans, la carrière gouvernementale de cet ancien professeur d’économie débute au ministère des Finances au sein duquel il navigue dans les différents départements. Une expérience sur laquelle il capitalise pour occuper, en 2007, le poste de ministre chargé des Affaires économiques et générales.
Cinq ans plus tard, le vent a tourné en faveur du Parti de la justice et du développement (PJD) qui remporte les élections de 2012. Il est alors nommé ministre des Finances sous le gouvernement Benkirane. Un an plus tard, Nizar Baraka quitte le gouvernement sur injonction de son parti, l’Istiqlal, qui avait décidé de claquer la porte de sa coalition avec les islamistes. Mais ce polymathe des dossiers politiques et économiques sait retomber sur ses pattes.
En 2013, il atterrit à la présidence du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Au sein de l’institution, il se taille un costume d’homme de missions en recapitalisant son expérience dans la gestion des affaires publiques. Par la même occasion, il cultive ses distances avec l’Istiqlal.
Vient ensuite une carrière dans le pilotage de projets majeurs. En 2016, avec des allers-retours fréquents entre Washington et Rabat, Nizar Baraka participe aux réunions préparatoires du 4e dialogue stratégique Maroc-États-Unis, notamment sur le volet économique. Puis il rejoint le comité scientifique de la COP22. Mais la politique démange ce petit-fils d’Allal El Fassi, figure centrale du parti de l’Istiqlal.
Au sein du parti qui enchaîne les défaites électorales (communales 2015, législatives 2016), on appelle déjà à tourner la page du corrodant Hamid Chabat. Dans une ambiance acrimonieuse, la rivalité entre les deux hommes pour la course au secrétariat général du parti est ponctuée de violences. Elle tourne à l’avantage de Nizar Baraka qui prend les rênes du parti en 2017.
Même parmi de ses opposants politiques, on lui reconnaît une capacité de négociateur hors pair. Sans doute lui a-t-elle été utile pour décrocher trois maroquins stratégiques dans le nouveau gouvernement et placer un de ses hommes à la tête de la deuxième chambre du Parlement.