Il y a six ans, tout semblait aller mal pour l’Istiqlal, après une défaite cuisante aux communales de 2015 : le parti est battu dans toutes les zones urbaines, sauf au Sahara. La Balance perd notamment dans son fief historique de Fès aux dépens de Driss Azami Al Idrissi du Parti de la justice et du développement (PJD).
La dégringolade se poursuit lors des législatives de 2016 avec une modeste troisième place derrière le PJD et le Parti authenticité et modernité (PAM), et 46 sièges sur les 395 possibles. En interne, le chaos est entretenu par un certain Hamid Chabat, qui s’accroche à son siège de zaïm (leader) malgré l’opposition des principaux cadres du parti.
Le salut vient en 2017 du gendre de Abbas El Fassi, leader historique du parti et ancien Premier ministre. La candidature de Nizar Baraka se prépare dans la plus grande discrétion. D’abord par une tribune appelant à la réconciliation et à l’autocritique “pour permettre à l’Istiqlal de retrouver sa force”, puis par une rencontre à Tanger où il réunit la coordination régionale du parti de la Balance.
Loin de diriger ses flèches contre la direction de l’Istiqlal et son tonitruant zaïm, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) a fait le choix d’un discours pacifié et unificateur. Le 7 octobre 2017, Nizar Baraka est officiellement secrétaire général du parti, et se donne pour mission principale la victoire aux élections de 2021. Aujourd’hui, il est favori. Mais qui est-il et quelles sont ses réalisations ?
Économie et politique
Nizar Baraka se présente cette année dans la liste des législatives à la circonscription de Larache. Derrière lui, une carrière de quatorze années en politique, portée essentiellement vers l’économie. Après avoir obtenu son doctorat en 1992 à Marseille, il intègre le ministère des Finances en 1996 où il assumera plusieurs postes de responsabilité.
Le 15 octobre 2007, il est nommé ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Affaires économiques et générales, dans le gouvernement El Fassi. Le 3 janvier 2012, il devient ministre de l’Économie et des Finances dans le gouvernement Benkirane, poste qu’il quittera un an plus tard suite au retrait du parti du gouvernement. Dans la foulée, il est nommé président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), poste qu’il occupera pendant cinq ans.
“Nous comptons mettre à profit notre expérience gouvernementale réussie pour enclencher cette dynamique de croissance économique”
Le 30 juillet dernier, il déclarait à nos confrères de Jeune Afrique que “l’Istiqlal s’est engagé à procéder à des ruptures importantes qui permettront d’assurer ce saut qualitatif. Nous comptons mettre à profit notre expérience gouvernementale réussie pour enclencher cette dynamique de croissance économique”.
Et de poursuivre : “Nous avions baissé l’impôt sur le revenu — ce qui avait profité aux classes moyennes —, amélioré les salaires, étendu l’assurance maladie obligatoire et, surtout, élargi le panier de soins afin que tout le monde puisse bénéficier d’un ‘salaire’ indirect… Nous avions également beaucoup œuvré en faveur du développement du monde rural et de la réduction des effets de l’inflation liée au renchérissement des cours des produits pétroliers.”
Un programme franchement tourné vers l’économie, comme le montrent les 13 grands objectifs “réalistes et ambitieux” fixés par le parti de la Balance. Parmi ces objectifs, le relèvement de la cadence de la croissance à environ 4 %, la réduction du taux de chômage à moins de 9 % au niveau national, sortir un million de familles de la pauvreté, l’élargissement de la classe moyenne ou encore le contrôle des prix du carburant, un signe de défiance directe au RNI.