J’ai grandi dans un Casablanca complètement ouvert, au sens propre comme au figuré : on vivait avec les portes ouvertes toute la journée, elles ne se fermaient que la nuit au moment de dormir”, témoigne Izza Génini. En se remémorant son enfance, la septuagénaire a le ton nostalgique mais heureux : elle nous raconte la circulation entre les différentes cultures à l’extérieur, laissant à l’intérieur des maisons la part de privé et d’intime des questions sociales et religieuses.
Son souvenir de la Ville blanche est celui d’un espace où les choix de chaque personne étaient respectés. Aujourd’hui, elle ne se sent ni Casablancaise ni Parisienne. “J’aimerais vous parler d’un endroit qui s’appelait camp Boucheron pendant le protectorat et qui maintenant s’appelle El Gara”, nous entraîne-t-elle.
C’est dans ce petit village du terroir, situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Berrechid, au cœur des plaines de la Chaouia, que la jeune Izza goûte au Maroc rural. C’est là-bas que son père était marchand de céréales et qu’elle dit avoir ses souvenirs enfantins les plus vifs.