ONU : António Guterres tire la sonnette d’alarme sur la situation au Sahara

Dans son rapport remis chaque année au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU António Guterres constate qu’il “subsiste un risque évident d’escalade tant que les hostilités persistent” et considère les derniers développements, survenus depuis un an, comme “un revers majeur vers l’obtention d’une solution politique”.

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António Guterres, secrétaire général de l’ONU. Crédit: France24

Rendez-vous annuel, le rapport sur le Sahara émis par le secrétaire général des Nations unies António Guterres à destination du Conseil de sécurité, livre ses premiers détails, en attendant sa publication. Samedi 2 octobre, c’est l’agence AFP qui en a donné les premières observations, faisant état d’une situation dans la région qui s’est “fortement dégradée” depuis un an, aux yeux de l’ex-Premier ministre portugais à la tête de l’ONU.

Le secrétaire général s’est dit “profondément préoccupé”, cite l’AFP, par les événements survenus depuis un an au Sahara. En premier lieu, les hostilités menées dans la zone de Guerguerat, épicentre des tensions entre le Maroc et le Front Polisario. Le 13 novembre 2020, le lieu avait été le théâtre d’une intervention marocaine après que ce passage stratégique avait fait l’objet d’occupation pendant plusieurs semaines par des éléments du Polisario.

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Pour le chef de l’ONU, “la reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario est un revers majeur vers l’obtention d’une solution politique”.

Présence d’éléments armés

Pas encore rendu public à l’heure où nous écrivons ces lignes, le rapport, qui couvre et détaille les évolutions sur la période du 1er septembre 2020 au 31 août 2021, est livré chaque année par le secrétaire général aux quinze membres du Conseil de sécurité. Traditionnellement, il résume les évolutions politiques et diplomatiques dans la résolution du conflit du Sahara tout en mettant la lumière sur certains agissements sur le terrain.

Ce lundi 4 octobre, c’est à la correspondance new-yorkaise de l’agence MAP de distiller d’autres éléments sur son contenu. L’agence marocaine met l’accent sur la présence d’une douzaine d’hommes du Polisario “armés et en uniforme militaire”, ainsi que de “huit véhicules militaires, dont deux étaient équipés d’armes lourdes” à proximité de la bande tampon près de Guerguerat.

Une présence remarquée par la Minurso que le Polisario a justifiée par une volonté de “protection des manifestants civils”. La MAP cite également la nature de l’intervention marocaine, le 13 novembre, soulignant qu’“aucune victime n’a été signalée à la Minurso dans les événements de la journée”.

Un point que l’agence officielle considère comme “un démenti formel aux accusations du Polisario, dont les éléments armés ont fui la zone tampon d’El Guerguerat, suite à l’intervention des FAR”.

Risque d’escalade

Quoi qu’il en soit, pour António Guterres, “il subsiste un risque évident d’escalade tant que les hostilités persistent”. Le secrétaire général de nationalité portugaise appelle “les parties à calmer la situation et cesser immédiatement les hostilités”, estimant que la reprise d’un processus politique dans la région “n’en est que plus urgent”.

Un appel qui devra nécessairement passer par la nomination d’un nouvel émissaire onusien dans la région, un siège vacant depuis mai 2019. Vingt-huit mois de négociations plus tard, le nom de Staffan de Mistura, 74 ans, semble enfin recevoir le feu vert de toutes les parties, encore faut-il que les membres du Conseil de sécurité donnent leur aval à la nomination de ce diplomate aguerri, rôdé aux missions de médiation.

(Avec agences)