1. Qu’est-ce qu’un rappel de vaccin ?
Le rappel d’un vaccin est l’injection d’une dose supplémentaire, destinée à maintenir la protection immunitaire face à un pathogène donné. Le procédé est courant, car notre immunité peut s’affaiblir dans le temps de façon tout à fait naturelle. Par exemple, le vaccin contre la grippe doit être refait tous les ans, ceux contre la diphtérie et le tétanos tous les dix ans.
2. A-t-on déjà besoin d’un rappel pour le Covid ?
Le vaccin injecté lors du rappel est souvent identique au premier. Mais pas obligatoirement : lorsque le virus ciblé est connu pour évoluer rapidement, son vaccin doit être modifié régulièrement afin s’y adapter : c’est par exemple le cas pour la grippe saisonnière, dont le vaccin doit être réajusté tous les ans sous peine d’obsolescence.
Début juillet aux États-Unis, après une intense campagne de vaccination de plusieurs mois, aucune autorité sanitaire (Centers for Disease Control and Prevention, the Food and Drug Administration and the Advisory Committee on Immunization Practices) n’en voit encore l’intérêt (en Israël, les autorités incitent les plus de 60 ans à prendre une troisième dose, ndlr).
3. Pourquoi les rappels ne sont-ils pas encore recommandés ?
Même si le bénéfice d’un vaccin n’est pas éternel, le moment où il va s’estomper dans le cas du Covid-19 n’est pas encore établi.
Ceci notamment parce que tous les vaccins actuellement autorisés contre le Covid-19 induisent une bonne immunité. Ils permettent bien aux lymphocytes B à “mémoire” de notre système immunitaire d’enregistrer les propriétés des pathogènes auxquels nous sommes confrontés, et donc de lancer la production des anticorps adéquats en cas de nouvelle exposition. De hauts niveaux de lymphocytes B à mémoire ont en effet été détectés chez des personnes vaccinées (Pfizer) au moins 12 semaines après injection.
D’autres études suggèrent également que ces vaccins, même s’ils n’empêchent pas la contamination, offrent une certaine protection y compris contre les souches émergentes de coronavirus. Pour Johnson & Johnson, 73 % et 82 % d’efficacité contre les formes graves du variant Beta (variant sud-africain) ont été constatées respectivement 14 et 28 jours après injection. Pour Pfizer, des résultats préliminaires laissent présager une efficacité de 88 % contre le variant Delta.
L’immunité sur le long terme est également assurée par les plasmoblastes. Ces cellules, autres intervenants dans la production d’anticorps, n’ont pas besoin de rappel et ont été détectées onze mois après injection chez des personnes vaccinées, ce qui laisse bien supposer la mise en place d’une mémoire immunitaire efficace.
4. Comment savoir si un rappel sera nécessaire ?
Un signe du besoin d’un rappel serait la montée en puissance de l’épidémie chez les personnes vaccinées. Pour l’heure, les vaccins restent largement efficaces… Mais le niveau exact d’immunité individuelle qu’ils procurent est toujours en cours d’évaluation.
Pour évaluer cette immunité, les chercheurs se penchent notamment sur certains anticorps induits par les vaccins : ceux qui reconnaissent la protéine Spike, permettant au coronavirus d’entrer dans les cellules, et qui auraient une importance majeure.
À l’appui de cette idée, une étude montrant que les vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna), qui semblent les plus efficaces, génèrent un plus haut niveau d’anticorps dans le sang que les vaccins à adénovirus (Johnson & Johnson et AstraZeneca). Une étude préliminaire suggère également que le niveau d’anticorps anti-Spike serait plus bas chez les anciens malades du Covid-19, y compris après injection du vaccin d’AstraZeneca.
Bien sûr, le personnel médical aimerait pouvoir déjà proposer à ses patients des tests sanguins capables de mesurer, de façon fiable, leur niveau de protection contre le Covid-19… Ce qui indiquerait, clairement, si quelqu’un a besoin d’un rappel.
Mais jusqu’à ce que les chercheurs sachent, de façon certaine, comment mesurer l’immunité induite par la vaccination, le signe à suivre quant à la nécessité d’un rappel sera, comme noté précédemment, l’évolution du nombre de contaminations chez les personnes vaccinées… notamment passé un certain âge : en effet, après 80 ans, la vaccination entraîne une production moindre d’anticorps et donc une immunité qui pourrait possiblement décliner plus rapidement qu’au sein de la population globale. Les personnes âgées pourraient également être plus sensibles aux nouveaux variants.
5. Être immunodéprimé augmente-t-il le besoin d’un rappel ?
L’immunodépression pourrait effectivement rendre nécessaire un rappel. Une étude a montré que chez 39 greffés du rein sur 40 et un tiers des patients sous dialyse considérés, la vaccination n’avait pas entraîné une production d’anticorps décelable.
Même constat dans une autre étude, menée cette fois chez 20 patients atteints de maladies musculo-squelettiques et sous traitement immunosuppresseur. Dans les deux cas, tous les patients étaient pourtant complètement vaccinés.
Ce qui ne veut pas dire que la vaccination est sans intérêt pour les personnes immunodéprimées. Au moins une étude montre qu’un rappel peut avoir un effet positif : chez un tiers de patients transplantés vaccinés avec Pfizer ou Moderna, si les deux premières doses n’avaient pas permis de déceler d’anticorps, une réponse immunitaire est apparue avec la troisième.
Comment savoir, alors, si l’on est immunodéprimé et vacciné, si notre système immunitaire a besoin de cette stimulation complémentaire ? Des résultats préliminaires laissent penser qu’un test ciblant spécifiquement les anticorps anti-Spike induits par un vaccin pourrait aider à s’assurer si ce dernier a marché. Mais pour l’heure, aux États-Unis, ce genre de protocole n’est pas encore recommandé par la FDA.
6. Faut-il le même vaccin lors du rappel que lors des premières injections ?
C’est très peu probable. Il a été démontré que les vaccins à ARNm (comme ceux de Pfizer et Moderna) pouvaient même être couplés avec les vaccins à adénovirus (comme AstraZeneca) sans perte d’efficacité.