L’affaire est loin d’être finie puisque le dossier a été rouvert sur la base d’un nouveau témoignage. Celui-ci a été donné par un ancien camarade d’Ait El Jid, Haddioui El Khammar, qui affirme avoir été “avec l’étudiant de gauche Aït El Jid, à bord d’un petit taxi, lorsqu’ils ont été encerclés et enlevés de force par un groupe de personnes affiliées à des factions islamiques actives au sein de l’université”. El Khammar, qui est le seul témoin de l’incident, insiste sur le fait que “Hamieddine a participé au règlement de compte de l’étudiant gauchiste”.
Un incident remontant à février 1993 à Fès, suite auquel l’élu PJD a été accusé de “participation à une rixe au cours de laquelle ont été exercées des violences ayant entraîné la mort”, selon les dispositions de l’article 405 du Code pénal. En 1994, il a été placé en détention à la prison de Aïn Kadous, à Kénitra, puis à Errachidia. Après sa peine d’emprisonnement, en 2004, il a réclamé à l’Instance équité et réconciliation (IER) des dédommagements en raison des “tortures subies lors de son arrestation”, et a obtenu 82.900 dirhams de compensation.
De nouveaux éléments ont été rapportés en 2016. Taoufik Elkadi, professeur universitaire à la faculté de Settat et Abdelouahed Krioul, propriétaire d’une école privée à Rabat, ont été quant à eux poursuivis par le juge d’instruction près la cour de Fès pour “complicité d’homicide volontaire” suite à la déclaration du témoin-clé. Celui-ci assure leurs complicité dans le meurtre de l’étudiant gauchiste, et donc ont été condamnés à trois ans de prison ferme chacun. Entretemps, plusieurs plaintes ont été déposées contre Hameiddine, classées sans suite.
L’affaire resurgit en 2018 quand Hamieddine a été accusé de nouveau, mais cette fois-ci de “complicité d’assassinat” selon les dispositions des articles 128, 392, 393, 394 et 395 du Code pénal et suite au témoignage non étudié lors du premier procès du leader islamiste. Cependant, le procès a été reporté en raison de l’appui de la justice sur l’article 369 sur le code de procédure pénale en vertu duquel “tout prévenu acquitté ou absous ne peut plus être poursuivi en raison des mêmes faits, même sous une qualification juridique différente”.
C’est l’absence de la déposition du témoin principal, El Khammar, écartée dans les décisions antérieures par les instances judiciaires, qui avaient acquitté les accusés. De ce fait, le dossier a refait surface ces dernières années, sur la base d’une action publique du juge d’instruction. A savoir que lors de ses audiences de procès, la défense de Abdelali Hamieddine a plaidé l’invalidité du procès public, exigeant l’abandon des charges retenues contre lui.