Combien de kilomètres fallait-il, combien d’années pour réapprendre à respirer, à oublier, combien, pour pardonner ?”, se demande Lucas lorsqu’il arrive au Japon à l’âge de 22 ans. Le jeune mathématicien français se dit que, dans ce pays où il sait qu’il ne sera jamais chez lui ni étranger, “la géométrie avait trouvé là son berceau”. “Face au vide et au plein qui régissait toute forme d’espace, toute représentation de l’imaginaire, il s’était avant tout montré sensible à ce besoin viscéral qu’avaient les Japonais de régler l’agencement poétique du monde et de l’inscrire dans une sorte d’équilibre parfait.” Et cela suffit à son besoin de silence. Des années plus tard, Akito – l’aube, en japonais –, le fils qu’il a eu avec Mikki, passionnée de Flaubert et de Rimbaud, s’enferme dans sa chambre et se mure dans le silence. Sa mère craint qu’il ne soit un hikikomori, un de ces êtres qui “se transform[e]nt inexorablement en…