Abdel** quitte son village côtier du Rif un jour de 2015. Fils de pêcheur, il embarque avec neuf jeunes de sa localité sur un bateau pneumatique. Après une quarantaine d’heures d’une traversée sans encombre, ils accostent quelque 150 kilomètres plus au nord, près de la ville espagnole de Motril. Cinq d’entre eux se font immédiatement arrêter par la Guardia civil ; cinq autres parviennent à s’enfuir. Abdel est de ceux-là.
Le garçon de 17 ans marche jusqu’au milieu des serres qui recouvrent les environs. Un compatriote, travailleur saisonnier croisé par hasard, lui prête un téléphone pour qu’il appelle les membres de sa famille installés non loin de là. Le harraga, débarqué presque sans aucune affaire tant il pensait échouer, rassure ses parents – qu’il n’avait pas mis au parfum de…