Sur la base d’une proposition de l’émir du Koweït, cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, il a été convenu d’ouvrir l’espace aérien ainsi que les frontières terrestres et maritimes entre l’Arabie saoudite et le Qatar à compter de ce soir”, a annoncé lundi cheikh Ahmed Nasser Al-Sabah dans une déclaration télévisée, sans autre précision horaire.
Cette annonce intervient à la veille d’un très attendu sommet des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) en Arabie saoudite, lors duquel pourrait être scellée une réconciliation entre Ryad — ainsi que plusieurs autres pays — et le Qatar.
Le royaume saoudien, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont rompu en juin 2017 leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l’accusant de soutien aux islamistes, de connivence avec l’Iran ou encore de semer le trouble dans la région.
Le riche et ambitieux émirat gazier a toujours démenti et dénoncé le “blocus” dont il se dit victime. Le chef de la diplomatie koweïtienne a ajouté que l’émir du Koweït, qui fait office de médiateur dans la crise du Golfe, s’était entretenu par téléphone avec les dirigeants saoudien et qatari. Ces derniers ont appelé à “l’unité” des pays du Golfe à l’occasion du sommet de mardi, a-t-il précisé.
L’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a été officiellement invité au sommet comme les précédentes années, mais il n’y avait jamais assisté. Mais peu après l’annonce du ministre koweïtien, un communiqué du bureau de l’émir qatari a annoncé qu’il serait bien présent cette fois, un signe prometteur de réconciliation. “L’émir va participer à la réunion du CCG qui se tiendra mardi dans la province d’Al-Ula dans le royaume frère d’Arabie saoudite”, selon le communiqué.
Les États-Unis, soucieux d’unifier les pays arabes face à l’Iran, ont fait pression pour réconcilier les pays en froid dans le Golfe, tous étant des partenaires stratégiques de Washington. La rupture avec le Qatar s’est accompagnée de mesures de rétorsion : fermeture des frontières et de l’espace aérien aux avions du Qatar et restriction sur les déplacements de Qataris, ce qui a parfois conduit à la séparation de familles mixtes.
Le conseiller américain à la sécurité nationale Robert O’Brien a déclaré en novembre qu’autoriser les avions du Qatar à survoler l’Arabie saoudite était une priorité pour le président Donald Trump, dans le cadre de sa politique de pression maximale envers Téhéran.
Selon les médias iraniens, le Qatar — dont les avions sont obligés de contourner l’Arabie saoudite — paye plus de 100 millions de dollars par an pour pouvoir utiliser l’espace aérien de la République islamique, une manne pour ce pays étouffé par les sanctions américaines.
Les cinq pays en conflit diplomatique ont multiplié les déclarations inhabituellement conciliantes ces dernières semaines. Mais les Émirats arabes unis, particulièrement hostiles à l’égard du Qatar à cause de sa proximité avec les Frères musulmans, seraient réfractaires à une réconciliation, selon des experts.
Le quatuor anti-Qatar avait formulé treize conditions à la reprise des relations avec Doha, notamment la fermeture d’Al-Jazeera, chaîne de télévision honnie par de nombreux régimes arabes, des engagements sur la fin du financement de groupes extrémistes ou encore la fermeture d’une base militaire turque sur le sol qatari. L’émirat a toujours refusé de se plier à ces demandes qu’il juge attentatoires à sa souveraineté.
En guise d’apaisement, les analystes estiment toutefois que les médias qataris, dont Al-Jazeera, pourraient devoir modérer leur ton vis-à-vis de l’Arabie saoudite.