Dans un contexte morose marqué par une crise sanitaire sans précédent, l’industrie automobile, principale locomotive des exportations nationales, subit de plein fouet l’impact du Covid-19. De la baisse des exportations aux entrées en devises, l’économiste Abdelaziz Ait Ali revient, dans une analyse publiée le 7 août par Policy Center for the New South, sur les conséquences de la pandémie sur le secteur. Trois choses à en retenir.
Une déficience avant-confinement
Dans un contexte international mouvementé, l’industrie automobile au Maroc s’est montrée vulnérable bien avant la crise sanitaire. En effet, le think tank marocain fait ressortir que les exportations du secteur automobile ont reculé durant les trois premiers mois de l’année de près du quart par rapport à la même période en 2019, avant même que l’état d’urgence et le confinement ne soient décrétés dans le royaume.
Cette régression concerne particulièrement les produits finis, notamment ceux de l’assemblage, à hauteur de 36 %, suivis par les semi-produits (26 % pour le câblage et 13 % pour les produits “d’intérieur du véhicule et sièges”).
33 milliards de dirhams de manque à gagner
L’industrie automobile nationale poursuit sa descente aux enfers depuis le début du confinement. À fin mai, l’atonie du secteur automobile s’est davantage concrétisée et la baisse des exportations est passée à près de 40 %, en particulier pour les produits intermédiaires.
En valeur absolue, la baisse des exportations automobiles est de 13,9 milliards de dirhams sur les cinq premiers mois de l’année. “Si le secteur clôture l’exercice 2020 sur la même contre-performance, une perte de 33 milliards de dirhams est à constater sur les bénéfices, soit -3 % du PIB”, précise le document.
Une contre-performance relative
Pour ce qui est de la balance commerciale et du compte courant, ces derniers devraient subir un choc majeur et faire face à une perte conséquente des recettes à l’exportation. Néanmoins, l’effet net de la contre-performance du secteur sur les équilibres externes est à relativiser.
“L’impact peut être moins prononcé, pour deux raisons principales : la première est relative au positionnement du Maroc en haut de la chaîne de production, faisant de lui un importateur de produits intermédiaires, surtout pour les activités d’assemblage ; ainsi, tout ajustement à la baisse du chiffre d’affaires à l’exportation se traduirait par une réduction proportionnelle des intrants importés. La deuxième raison est liée à la prépondérance du capital étranger dans l’écosystème de l’industrie automobile, qui fait que l’atonie de l’activité à l’exportation ne manquerait pas d’affecter la rentabilité des entreprises et in fine leur capacité à rapatrier leurs bénéfices”, explique le Policy Center.