La fondation Hiba a lancé, le 11 juillet, le Centre de ressources des arts du Maroc, un index des dynamiques culturelles au Maroc répertoriant artistes, manifestations et lieux culturels. Mais pas seulement : la plateforme offre également un accès à de la documentation — essentiellement juridique et légale — et relaie des appels à projet ou à recrutement dans le secteur culturel.
Un projet qui n’en est qu’à ses débuts, donc encore peu fourni en termes de contenus, mais dont les ambitions sont louables. On en parle avec Amine Hamma, chef de projet au sein de la fondation Hiba.
TelQuel : Comment vous est venue l’idée de lancer ce Centre de ressources des arts du Maroc ?
Amine Hamma : C’est un projet qui a été impulsé à mon arrivée au sein de la fondation Hiba. Pour les bases, nous nous sommes inspirés de la plateforme du Centre d’information et de ressources pour les musiques actuelles où j’ai travaillé en France. Aujourd’hui, je pense qu’il y a un véritable besoin de structurer et organiser les secteurs culturels. Ce site est un outil de travail qui va donner accès à un ensemble d’informations concernant ces milieux culturels.
Nous avons mis en place trois axes importants pour la plateforme : la documentation, à savoir les documents juridiques et légaux liés aux secteurs culturels, un répertoire — comme des pages jaunes — qui classifie les acteurs culturels selon la discipline ou encore la région. Cela va des artistes aux centres culturels en passant par les financements et médias, et enfin les appels à recrutement ou stages.
En somme, cette plateforme se veut un repaire pour les dynamiques culturelles au Maroc, c’est bien ça ?
Le site peut servir au programmateur de festival qui fait des recherches spécifiques par rapport à des artistes d’une région particulière, tout comme au touriste qui a envie de découvrir les structures culturelles ou festivals dans la région où il passe ses vacances. L’utilité de cette plateforme est multiple, transversale et pluridisciplinaire.
L’aspect juridique manquait aussi énormément. Beaucoup d’acteurs culturels travaillent dans l’informel et c’est pour cette raison qu’on a fait appel à un juriste qui a passé en revue une trentaine de contrats pouvant servir aux artistes.
Mais la version disponible du site n’est qu’une base, et nous espérons que la communauté culturelle va se mobiliser pour l’alimenter. Ce site est fait pour la communauté et pour la servir.
La fondation Hiba a donc posé les bases de cette plateforme, mais quel sera son rôle au sein du projet ?
Nous serons le relais entre les acteurs culturels et la plateforme. Nous allons aussi assurer une veille pour actualiser les différentes fiches et documents. Car le site ne peut être efficient que si on a la bonne adresse, le bon numéro et la bonne date pour tel ou tel événement culturel.
En somme, nous allons tenter de capter toutes les mouvances culturelles contemporaines pour les partager avec les utilisateurs de la plateforme.
Dans le répertoire mis en ligne, nous avons constaté une prévalence des artistes liés au secteur musical et très peu dans les arts visuels ou le théâtre par exemple… Est-ce que c’est dû aux affinités de la fondation ?
Tout à fait ! Avec le studio Hiba et nos espaces de diffusion (café culturel et cinéma Renaissance), nous avons des fiches complètes d’artistes qui œuvrent dans le milieu musical. Avoir l’ensemble des informations d’un artiste est notre principale contrainte.
“Nous allons tenter de capter toutes les mouvances culturelles contemporaines pour les partager avec les utilisateurs de la plateforme”
On dispose de davantage de contacts dans la musique, mais pour les autres disciplines, ça ne saurait tarder ! Pour ce qui est du cinéma, il y a des déjà la base de données du Centre cinématographique marocain, qui est assez fournie…
Comment comptez-vous inciter les artistes, d’horizons différents, à adhérer à votre initiative ?
Cela va se faire petit à petit. Nous souhaitions d’abord lancer le site, le faire connaître auprès de la communauté. C’est très important pour nous de fédérer les artistes, et idéalement impliquer la société civile.
Pourquoi ne pas avoir, par exemple, des associations relais au niveau de différentes régions, qui représenteraient le Centre de ressources ? Certains artistes sont déconnectés du monde digital, il est important de les repérer pour qu’ils aient aussi leur place sur le site. Notre démarche est avant tout inclusive.
Le site n’est actuellement disponible qu’en français, quid de l’arabe ?
Nous avons essayé de mettre en place la langue arabe sur le site, mais c’était assez compliqué techniquement… Il y a aussi la problématique liée aux documents juridiques : notre juriste, un des rares spécialisé en droits d’auteur, est francophone, mais cela ne va pas nous empêcher de tabler à moyen terme sur un travail de traduction arabophone.
Plusieurs choses seront améliorées petit à petit. À moyen terme, on espère intégrer de la vidéo et des podcasts car nous sommes conscients des transformations digitales. Avec toujours à l’idée de créer du lien entre les différents acteurs culturels.
Avez-vous pu entrer en contact avec le ministère de la Culture ?
Pas encore, on aimerait bien. Aujourd’hui, nous avons lancé la version initiale du Centre de ressources, mais si on peut le développer avec des partenaires, on est ouverts, que ce soit avec le ministère ou d’autres institutions.