Lors d’une réunion avec la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication ce mardi 30 juin, Othman El Ferdaous a annoncé les mesures mises en place par son département, notamment pour les artistes, en pleine pandémie de coronavirus.
Avant tout, il est primordial de garder en tête la nature de la production et de la consommation culturelle. Pour le ministre, le marché de la culture repose essentiellement sur une interaction avec le public. Par conséquent, et en raison des différentes mesures préventives adoptées par le pays à partir du 16 mars, “le secteur de la culture fait partie de ceux qui ont le plus souffert des répercussions de la pandémie”, estime le ministre nommé en avril dernier.
Le virus de la culture
Parmi les interventions du ministère pendant le confinement, la densification de l’offre culturelle à distance. Ainsi, depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, le département d’Othman El Ferdaous a travaillé à la conception de programmes culturels et artistiques consommables à distance. Cela a permis de généraliser l’accès à la culture à toutes les régions du royaume, à travers les directions régionales et provinciales, et les centres culturels relevant de ces directions.
“Nous sommes particulièrement soucieux de créer des ponts entre les politiques publiques”
Le département de la Culture a organisé des conférences, des spectacles et des cours de théâtre, de musique et de danse, en plus d’expositions d’arts plastiques et de patrimoine culturel. “Ce fut un très beau moment de partage. Je vous invite à consulter les réseaux sociaux du ministère pour les découvrir”, a déclaré le ministre aux membres de la 8e commission.
Othman El Ferdaous a également annoncé la traduction en anglais de l’intégralité du contenu du site atfalwataqafa.ma. Ce site destiné aux enfants de 4 à 10 ans vulgarise l’Histoire et la culture en darija. Les enfants pourront prochainement y visionner des capsules éducatives en anglais ou en darija, puis tester leurs connaissances avec des quiz.
L’expérience Maroc
Cette mesure s’inscrit, selon le ministre, dans une volonté de créer des synergies entre les politiques publiques. “Nous sommes particulièrement soucieux de créer des ponts entre les politiques publiques. Actuellement, notre pays fait face au challenge de la relance du secteur touristique. Nous estimons qu’en créant du contenu explicatif sur l’Histoire et la culture du Maroc en anglais, nous pourrons également atteindre les enfants européens.”
“Nous avons également une riche expérience de tourisme culturel à offrir”
À en croire le ministre, ce sont les enfants qui vont convaincre leurs parents de choisir le royaume comme prochaine destination pour les vacances. Le contenu d’atfalwataqafa.ma déconstruit par la même occasion les clichés relatifs aux vacances au Maroc et montre que le pays a bien plus à offrir qu’un climat chaud et des plages de sable doré. “Nous avons également une riche expérience de tourisme culturel à offrir”, a déclaré le ministre.
Le ministère de la Culture a également organisé durant la période du confinement des compétitions et des spectacles récréatifs pour les enfants, intégralement diffusés sur le site du ministère et ses réseaux sociaux. “Une compétition incitait les participants à jouer l’hymne national, et nous avons reçu une vidéo d’un Marocain résidant en Allemagne. Il est merveilleux de constater la force du produit culturel, qui unit au-delà des frontières”, s’est ému le ministre.
Démocratiser la lecture
“En ce qui concerne la lecture et les espaces de lecture publics, je considère qu’il s’agit d’un autre point permettant de créer des synergies entre les politiques publiques”, a déclaré Othman El Ferdaous. Pour lui, celui qui ne lit pas de livres ne consomme pas la presse nationale, alors que c’est un secteur qui a plus que jamais besoin de soutien et d’être promu.
“On ne trouve pas le jeune d’aujourd’hui à la médiathèque, mais sur les réseaux sociaux. Il est primordial de livrer le service là où se trouve le citoyen”
Pour pallier les carences, le ministère a diffusé un guide d’animation culturelle dédié aux professionnels de ce secteur. Ainsi, plusieurs médiathèques et bibliothèques publiques ont continué à assurer des activités culturelles dans le respect des mesures préventives. Les applications de visioconférence et les réseaux sociaux ont été précieux pour maintenir le lien avec les adhérents.
“Je tiens également à signaler que cela a permis d’atteindre plus de gens. En effet, on ne trouve pas le jeune d’aujourd’hui à la médiathèque, mais sur les réseaux sociaux. Plus de 15 millions de Marocains sont inscrits sur Facebook, dont huit millions de jeunes. Il est donc primordial de livrer le service là ou se trouve le citoyen, de ne pas attendre qu’il vienne vers nous”, a tranché Othman El Ferdaous.
La gratuité fut également généralisée à l’ensemble des activités proposées, étant donné qu’elle “instaure l’égalité entre l’ensemble des consommateurs de ces services, même si les disparités régionales demeurent présentes malgré tout. Notamment à cause de la faiblesse du débit Internet dans certaines zones », a concédé le ministre.
Chaîne du livre
Le ministère de la Culture a également réglé l’ensemble des montants alloués aux projets subventionnés dans le secteur du livre et de l’édition au titre des années 2016, 2017, 2018, 2019. “Nous avons trouvé des dossiers qui dataient de 2016. La moindre des choses est de respecter les acteurs du secteur. Les subventions ne sont encaissées que quatre ans après. Je ne peux pas blâmer l’administration du ministère vu qu’il y a plusieurs contraintes. Nous avons profité de l’arrêt de l’activité pour régler le problème des paiements”, a expliqué Othman El Ferdaous.
Considérant qu’il est primordial que l’enfant développe un lien avec le livre, le ministre a préconisé la publication de revues électroniques durant la période du confinement. Une mesure qui vise à s’adapter à la jeunesse connectée d’aujourd’hui. Parmi ces publications en ligne, un magazine dédié aux enfants.
Le ministère a également proposé de financer des retraites d’écriture aux auteurs, dans des hôtels ou des maisons d’hôtes, afin qu’ils puissent se consacrer exclusivement à la rédaction et au processus créatif, sans contrainte.
Othman El Ferdaous a prévu de mettre en place des aides financières pour les différentes organisations de la société civile qui œuvrent en faveur de la culture, notamment la Maison de la poésie, un établissement culturel international créé suite à la signature d’un accord d’entente entre le ministère marocain de la Culture et la circonscription de la culture et de l’information du gouvernement de Sharjah, aux Émirats arabes unis.
Protections légales
Au niveau des droits d’auteurs, le Bureau marocain des droits d’auteurs (BMDA) a mis en place plusieurs mesures exceptionnelles en vue de faire face à l’impact de la crise du coronavirus, au profit de ses adhérents. “Je saisis l’occasion pour appeler tous les musiciens, artistes marocains et leurs familles à s’inscrire au BMDA, car cela va leur garantir une source de revenus dans le futur et permettre de conserver le patrimoine artistique marocain”, a déclaré le ministre.
Selon Othman El Ferdaous, cette inscription permet de protéger les œuvres musicales et artistiques du piratage, et rend possibles les actions en justice. Il a ainsi expliqué que si une œuvre non inscrite au BMDA est piratée à l’étranger, le recours légal n’est pas envisageable.