États-Unis : un concurrent de l’OCP appelle à l’ouverture d’une enquête contre le phosphatier marocain

Le producteur d’engrais Mosaic appelle les autorités américaines à ouvrir une enquête sur des concurrents internationaux qu’il considère “injustement subventionnés”. L’OCP en fait partie.

Par

Le Groupe OCP (Office chérifien des phosphates). Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

L’OCP accusé de concurrence déloyale sur le marché américain ? Le producteur américain d’engrais phosphatés Mosaic a déposé une requête, vendredi 26 juin, auprès du département américain du Commerce, et de la Commission du commerce international des États-Unis, afin de “demander l’ouverture d’enquêtes au niveau des droits compensateurs”, sur les importations d’engrais phosphatés en provenance du Maroc et de Russie.

Le spécialiste mondial des phosphates concentrés s’estime lésé par la concurrence, des “volumes importants” en provenance de ces deux pays étant “injustement subventionnés”. Une “distorsion de marché” qui lui serait “préjudiciable”, indique l’entreprise dans un communiqué.

“Pied d’égalité”

De janvier à avril 2020, le Maroc a trusté la première place des exportations de phosphate de diammonium (DAP) et de phosphate de monoammonium (MAP) vers les États-Unis. D’après la base de données ICIS, qui s’appuie sur les chiffres fournis par le Bureau de recensement des États-Unis, le Maroc revendique ainsi 49,65 % de part de marché aux États-Unis sur le DAP et 67,90 % concernant le MAP.

Des chiffres qui ont toutefois connu une baisse par rapport à la même période en 2019, en raison de la crise engendrée par le Covid-19, respectivement de 40,12 et de 0,84 %. De quoi freiner la progression constante en parts de marché glanées sur le marché américain ces deux dernières années. Le groupe a été confronté à deux mauvaises saisons agricoles successives aux États-Unis qui ont impacté ses retombées en Amérique du Nord. Une aire géographique où l’OCP a également assisté, en 2019, à la baisse de ses exportations, en raison de la fermeture des capacités du canadien Nutrien, l’un de ses principaux clients dans la région.

En 2019, l’OCP a vendu pour 9 millions de tonnes, faisant de lui le premier exportateur mondial

Nous pensons que nous devons être compétitifs et sur un même pied d’égalité”, considère le président de Mosaic, Joc O’Rourke. Et de justifier, sur l’ouverture de l’enquête : “Les droits que nous recherchons aideront à garantir que les agriculteurs nord-américains peuvent compter sur l’industrie américaine du phosphate pour fournir des engrais essentiels à long terme.

Le département américain du Commerce et la Commission du commerce international des États-Unis devraient examiner la requête à une date qui n’a pas encore été avancée.

“Totale conformité”

Le 26 juin 2020, nous avons reçu une copie de la requête déposée par notre concurrent Mosaic auprès du Département américain du commerce et de la Commission du commerce international des États-Unis, concernant des allégations de concurrence inéquitable sur le marché américain de la part de producteurs étrangers d’engrais phosphatés. Nous sommes en train d’analyser cette requête”, indique à TelQuel une source au sein de l’OCP. Et de poursuivre : “Nous opérons en totale conformité avec les lois et les réglementations relatives aux ventes de nos produits sur le marché américain, et restons engagés au service de nos clients.

à lire aussi

En 2019, le géant phosphatier marocain a vendu pour 9 millions de tonnes, faisant de lui le premier exportateur mondial. Celui-ci a réalisé un chiffre d’affaires de 54,09 milliards de dirhams, malgré un marché estimé “moins favorable”, que lors des précédents exercices.

L’OCP a récemment annoncé à Reuters les ouvertures d’une usine d’engrais au Ghana, ainsi qu’un autre site tourné vers l’ammoniac au Nigeria, d’ici 2024. L’opération devrait permettre d’ajouter 2 millions de tonnes par an à sa capacité de production mondiale