Une fois n’est pas coutume, le Raja et le Wydad, meilleurs ennemis du football marocain, se sont choisis un ennemi commun : le coronavirus. Depuis l’annonce en mars dernier de l’arrêt de toutes les activités liées au football au Maroc, à l’image du reste des pays du monde touchés par la pandémie de Covid-19, les deux clubs casablancais ont laissé leur rivalité de côté pour s’inscrire dans la campagne nationale de sensibilisation contre les dangers du virus.
L’ennemi de mon ennemi est mon ennemi
À contexte exceptionnel, solidarité exceptionnelle. Alors que d’habitude “l’ennemi de mon ennemi est mon ami”, les deux clubs casablancais ont tenu à changer le dicton face au Covid-19 Deux matchs fictifs les opposeront au “coronavirus”.
Le club rouge l’a annoncé en premier le lundi 6 avril, 60.000 tickets seront mis en vente en ligne, sur le site de vente habituel, à 30 dirhams l’unité, annonce un communiqué du club.
Si ce match se joue à “guichets fermés” comme l’a été le dernier match du Wydad en Ligue des Champions face à l’Étoile du Sahel (2-0), il devrait rapporter la somme de 1.800.000 dirhams qui serait alors versée au fonds spécial de lutte contre la pandémie.
Quelques minutes plus tard, le Raja annonce le même dispositif en révélant que toutes les composantes du club ont déjà participé au fonds à titre personnel, et que le ticket de ce match de solidarité serait mis en vente à 50 dirhams l’unité. Si les Verts parviennent à vendre les 60.000 billets, la somme de 3 millions de dirhams sera versée au fonds de lutte contre la pandémie.
En temps de crise, la rivalité 2.0
En trêve forcée, le Raja et le Wydad perdent leurs repères. Privés d’entraînements, les joueurs multiplient les gestes solidaires sur les réseaux sociaux, en appelant les Marocains à rester confinés dans leurs domiciles et à limiter les déplacements.
Ils donnent l’exemple en prouvant qu’ils respectent les consignes des services sanitaires, en organisant des séances de “live”, pratiquement chaque soir, où ils évoquent leurs souvenirs de footballeurs, seuls face à leurs followers ou avec des coéquipiers ou ex-coéquipiers.
Certains en profitent pour lancer des piques à leurs éternels rivaux, histoire de raviver la flamme, en attendant la reprise promise du football. Mohsine Moutouali, le capitaine emblématique du Raja et son ancien sergent Yassin Salhi ont ouvert le bal sur Instagram. Les deux anciens coéquipiers ont parlé du confinement, de leurs habitudes durant la crise mais surtout de souvenirs et de certains de leurs anciens coéquipiers.
Il a suffi d’une mauvaise prononciation du capitaine des Verts qui parlait de sa série préférée du confinement “Vikings” pour déclencher une vague de taquineries rouges. Les pages de supporters, et des joueurs aussi ont suivi. Ayman Hassouni, star du milieu de terrain du WAC a invité Reda El Hajhouj, ancienne coqueluche de Frimija, aujourd’hui joueur de l’Olympique club de Khouribga. Au menu, piques et souvenirs. Les deux joueurs se sont lâchés en reprenant les erreurs de prononciation de Moutouali, toujours dans la même ambiance taquine, au grand bonheur des supporters des deux camps.
Confinés et privés de ballon, une rivalité 2.0 a donc vu le jour. Les community managers des pages officielles des deux clubs ont même repris les propos de leurs joueurs respectifs, pour en faire un sujet de discussion et de “clash” quotidien. De quoi garder le flux, et de l’activité sur les pages en ces temps où la planète football ne tourne plus.