S’il est officiellement approuvé par le Comité international olympique (CIO), ce report sera une première pour des JO de l’ère moderne en temps de paix. Auparavant, seuls les deux conflits mondiaux du XXe siècle avaient entraîné le report technique puis l’annulation des Jeux.
“J’ai proposé de les reporter d’environ un an et le président du Comité international olympique Thomas Bach a accepté à 100 %”, a annoncé le Premier ministre japonais Shinzo Abe devant les caméras de télévision mardi 24 mars, à l’issue d’une conférence téléphonique avec M. Bach.
Report acté
C’est un énorme coup dur pour la ville de Tokyo et le Japon, qui se préparaient minutieusement depuis des années à accueillir le plus grand événement sportif de la planète du 24 juillet au 9 août, suivi des Paralympiques du 25 août au 6 septembre.
Les autorités japonaises et le CIO ont été longtemps réticents à envisager officiellement de modifier le calendrier des JO. Le CIO avait indiqué, dimanche 22 mars, qu’il se donnait quatre semaines pour prendre une décision mais la pression d’athlètes, puis de fédérations sportives nationales et internationales, devenait de jour en jour plus forte avec la propagation inexorable du coronavirus, apparu en Chine fin 2019 et qui sévit désormais massivement ailleurs dans le monde, notamment en Europe.
“Le Comité international olympique va discuter aujourd’hui avec le gouvernement japonais, le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020 et la commission exécutive du CIO au sujet du scénario incluant un report des Jeux, et communiquera en temps voulu”, avait expliqué le CIO.
“Mon interprétation de l’annonce du CIO (de dimanche) est qu’ils ne veulent pas annuler les JO et qu’ils ne pensent pas pouvoir continuer de les maintenir à la date du 24 juillet”, avait expliqué à l’AFP le Canadien Dick Pound, membre historique du CIO. La très puissante fédération internationale d’athlétisme, sport numéro un aux JO, avait pris clairement position, estimant qu’ouvrir les Jeux le 24 juillet n’était “ni faisable ni souhaitable”, selon son président Sebastian Coe.
Recommandations internationales
Un nombre grandissant de fédérations sportives nationales avaient appelé ces derniers jours à un report de l’événement, emboîtant le pas à des critiques d’athlètes d’abord isolées. Les comités olympique et paralympique du Canada sont allés jusqu’à annoncer dimanche 22 mars qu’ils n’enverraient pas leurs athlètes si les JO étaient maintenus cet été. “La bonne décision à prendre”, a jugé le Premier ministre Justin Trudeau.
Le Comité national suisse a officiellement demandé lundi le report des JO. Le Comité australien a estimé que les Jeux ne pourraient se tenir en juillet. Se rangeant derrière l’avis de ses sportifs, consultés dimanche 22 mars, et favorable pour les deux tiers à un report des Jeux, le comité olympique américain, plus grosse délégation aux JO, s’est positionné en faveur d’un renvoi de l’échéance.
En France, le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’était aussi déclaré dimanche peu enclin à envoyer des sportifs au Japon dans quatre mois. Au-delà des questions de santé, la pandémie actuelle de coronavirus pose d’énormes difficultés pour les sportifs qui ne peuvent ni s’entraîner en vue des JO, ni même, dans un certain nombre de disciplines, tenter de se qualifier, faute de compétition.
Un report d’un événement aussi gigantesque est toutefois une “opération très complexe”, a prévenu samedi 21 mars le président du CIO, Thomas Bach, dans un entretien avec le média régional allemand SWR. “Reporter les Jeux olympiques n’est pas comme décaler un match de football au samedi suivant.”
Pour rappel, le coronavirus Covid-19 a fait au moins 16.961 morts dans le monde depuis son apparition en décembre, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi à 11 heures GMT. Plus de 386.350 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 175 pays et territoires depuis le début de l’épidémie.