Quatre semaines pour décider du sort des Jeux Olympiques

Le Comité international olympique (CIO) se donne quatre semaines pour prendre une décision concernant un éventuel report des Jeux olympiques de Tokyo mais écarte toute annulation, a annoncé dimanche le président Thomas Bach dans une lettre aux sportifs.

Par

AFP

« Nous avons entamé des discussions avec tous les partenaires pour dresser un état des lieux du développement rapide de la situation sanitaire et de son impact sur les Jeux olympiques, comprenant un scénario de report (des JO, ndlr)« , a écrit Thomas Bach à l’issue d’une réunion extraordinaire de la Commission exécutive de l’instance.

« Nous sommes confiants dans le fait que nous aurons finalisé ces discussions dans les quatre prochaines semaines », a-t-il ajouté.

« Une annulation des Jeux olympiques détruirait le rêve olympique de 11.000 sportifs des 210 Comités nationaux olympiques, de l’équipe des réfugiés et des sportifs paralympiques« , a expliqué M. Bach. De ce fait, l’annulation « n’est pas à notre agenda », a-t-il ajouté.

Parmi les différents scénarios envisagés, le CIO devra soit maintenir les JO aux dates prévues (24 juillet-9 août), soit les reporter de quelques mois ou d’un an (2021), voire plus.

« Les scénarios consistent à modifier les plans existants pour les JO qui doivent débuter le 24 juillet et aussi à modifier les dates du début des Jeux », a précisé le CIO dans un communiqué.

Après le report annoncé mardi par l’UEFA de l’Euro-2020 de foot, repoussé en 2021 et de celui de nombreuses autres compétitions internationales, les Jeux olympiques sont une des dernières compétitions planétaires prévues cette année à n’avoir pas encore été ajournées, en pleine pandémie de coronavirus.

Samedi, les puissantes fédérations américaines de natation et d’athlétisme se sont jointes aux voix de plusieurs poids lourds du sport international pour exhorter au report des JO au nom de la santé des athlètes. Dans ce sens, le Canada a annoncé qu’en cas de maintien des JO, le pays n’enverra aucun athlète au Japon.

Le CIO prendra une décision notamment sur la base de questionnaires envoyés aux Comités nationaux olympiques (CNO) portant sur l’impact de la crise du coronavirus sur la préparation aux Jeux.

Si 57% des sportifs sont déjà qualifiés pour les Jeux, 43% n’ont pas encore leur sésame en poche en raison du report de nombreuses épreuves qualificatives, a indiqué récemment le CIO.

Le gouvernement japonais envisage le report

Jusqu’ici inflexible quant à la tenue des Jeux olympiques de Tokyo cet été comme prévu, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a admis lundi qu’un report « pourrait devenir inévitable » face à la pandémie de coronavirus, à l’instar du CIO dimanche.

Le monde peut toujours compter sur le Japon pour accueillir les Jeux cet été, a déclaré M. Abe devant le Parlement nippon, mais « si cela devenait difficile, en tenant compte en priorité des athlètes », la décision d’un report « pourrait devenir inévitable ».

La gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, s’est aussi rangée lundi derrière les propos de M. Abe et du CIO, acceptant qu’un report fasse partie des scénarios qui seront discutés durant les quatre prochaines semaines par tous les partenaires concernés.

Il s’agit d’un tournant dans le discours officiel japonais, alors que les autorités locales poussaient jusqu’à présent pour organiser les Jeux comme initialement prévu. La flamme olympique est arrivée au Japon vendredi, et des dizaines de milliers d’habitants se sont déjà pressés pour la voir depuis, malgré des festivités nettement limitées en raison du coronavirus. Son relais à travers tout le pays doit démarrer jeudi depuis la région de Fukushima (nord-est).

Dimanche, le Comité international olympique (CIO) avait annoncé l’ouverture de discussions « avec tous les partenaires pour dresser un état des lieux du développement rapide de la situation sanitaire et de son impact sur les Jeux olympiques ».

Ces discussions comprendront le scénario d’un report mais pas celui de l’annulation pure et simple de l’évènement, exclue aussi par M. Abe lundi.

« Ni faisable ni souhaitable »

L’hypothèse d’un report prend d’autant plus d’épaisseur que World Athletics, la très puissante fédération internationale d’athlétisme, sport numéro un aux JO, a pris clairement position, estimant qu’ouvrir les Jeux le 24 juillet n’était « ni faisable ni souhaitable », selon son président Sebastian Coe.

« Personne ne veut voir les Jeux olympiques reportés, mais comme je l’ai dit publiquement, nous ne pouvons pas maintenir cette manifestation coûte que coûte et certainement pas au détriment de la sécurité des athlètes », a  écrit le Britannique, double champion olympique à Moscou (1980) et Los Angeles (1984), dans un courrier adressé au CIO avant sa réunion de dimanche.

Cette prise de position tranchée intervient alors que la plupart des compétitions sportives sont à l’arrêt sur l’ensemble des continents, où près d’un milliard de personnes doivent rester chez elles, avec des mesures de confinement souvent drastiques.