Les Marocains disent non au “Deal du siècle”

Le centre-ville de Rabat a connu une mobilisation massive lors de la “Marche du peuple marocain pour la libération de la Palestine”, le 9 février. Reportage.

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L’avenue Mohammed V, qui lie l’ancienne médina à la gare de Rabat, dimanche 9 février. Crédit: Yassine Toumi/TelQuel

Non à la colonisation ! Non à la normalisation ! La Palestine n’est pas à vendre ! Assez des guerres ô Amérique ennemie de la paix ! Le peuple veut la criminalisation de la normalisation ! Tels étaient les slogans scandés dimanche 9 février en plein centre-ville de Rabat, lors de la “Marche du peuple marocain pour la libération de la Palestine”.

Convergence des luttes

Sur l’avenue Mohammed V qui lie l’ancienne médina à la gare de Rabat, les militants des 36 associations partisanes, syndicales et professionnelles fourmillaient pour exprimer, à l’unisson, leur refus de la normalisation des relations entre Maroc et Israël, et leur solidarité avec le peuple palestinien.

Dans les rangs de la foule, des membres de l’association des avocats du Maroc vêtus de leurs robes, des docteurs de l’amicale des médecins de Mohammedia, des enseignants des quatre coins du Maroc, ainsi que plusieurs organisations syndicales et partis venus crier “Non au deal de la honte”.

La voix de la foi

À la queue du cortège pullulaient les voiles colorés des militantes du Mouvement unicité et réforme (MUR). Fières, drapeaux palestiniens à la main et émotion dans la voix, elles clament l’hymne du mouvement, le nachid “Chabab El Alami el Mohammadi”. “Cela représente ce à quoi on adhère, ce qui nous fait venir aujourd’hui en solidarité avec le peuple palestinien, notre foi”, nous explique une militante.

Oumaima, et Ryme, 13 et 14 ans, affirment quant à elles que leur présence est une évidence. “C’est tout à fait normal d’être là aujourd’hui. Nous faisons partie du MUR depuis l’âge de neuf ans. La cause palestinienne est très importante pour nous en tant que musulmanes.”

Jeunesse partisane

Un peu plus loin, la jeunesse de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), casquettes vissées sur la tête et écriteaux à la main, a également répondu présente à cette marche de solidarité. Leur cri de ralliement : “Nous sacrifierons tout pour notre héroïne, la Palestine.

La jeunesse du Rassemblement national des indépendants (RNI) affirme quant à elle ne pas être là en tant qu’organisation partisane. “Nous sommes là pour soutenir le peuple palestinien dans son combat. Pour nous, Al-Qods est la capitale légitime de la Palestine”, nous déclare Amal El Mellakh, présidente d’une section régionale de la jeunesse du parti.

Questionnée sur la position de la jeunesse du parti de la colombe sur le “deal du siècle”, elle note être là pour exprimer une solidarité “qui va au-delà de la couleur partisane”.

Plus palestiniens que les Palestiniens

Il ne faut pas être plus palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes”, avait déclaré le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita aux parlementaires, le mardi 4 février. Qu’en pensent les figures politiques présentes à cette marche de solidarité ?

« Il ne faut pas être sionistes plus que les sionistes« , rétorque Hassan Bennajeh, ténor d’Al Adl wal Ihsane qui considère qu’il est inacceptable que la cause palestinienne serve de bien de troc pour obtenir gain dans une autre cause.

Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), estime que cette question n’a pas lieu d’être vu qu’“on est tous Palestiniens”. La femme politique dit avoir honte de la position du Maroc et de certains pays arabes, qu’elle trouve réactionnaire. Selon elle, le Maroc n’a pas le droit d’être ambigu sur la question palestinienne, et ne doit en aucun cas céder au “duo impérialo-sioniste”.

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L’ambassadeur palestinien, également présent, s’est déclaré ému de la mobilisation des Marocains lors de cette marche. “Je remercie le roi Mohammed VI, le gouvernement et le peuple marocain pour leur soutien indéfectible au peuple palestinien”, a-t-il déclaré. Un soutien qui, selon lui, “n’est pas près de faiblir”.