Moins prolixe que ces derniers mois, l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane ne boude pourtant pas son plaisir de discourir sur la situation politique du pays, son passé glorieux à la tête du gouvernement, mais aussi sur l’opportunisme de certains “frères”. Cette fois-ci, c’est devant la chabiba de son parti à Marrakech que Benkirane s’est exprimé, mardi 21 janvier.
Au sujet des prochaines échéances législatives, l’ancien chef de gouvernement explique : “Je n’ai pas envie de parler des législatives de 2021 et de me demander si nous allons gagner ou pas, si on sera confronté à nouveau au blocage ou pas… Ce n’est que partiellement important.”
Leçon n°1 : du pouvoir en politique
Benkirane semble être touché au vif par “ces frères” avides de pouvoir. “Si un frère accède à un poste à responsabilité, et qu’il l’apprécie et s’y sent bien… c’est qu’il n’a rien compris. Ce type de personne ne devrait même pas être au PJD, il devrait partir”, tranche-t-il.
“Quelle est la pertinence d’être à un poste à responsabilité et de ne laisser aucune trace positive ?”
Tout en se tressant des lauriers, l’ancien patron du parti de la lampe ne manque pas de critiquer sèchement le gouvernement de Saâd Eddine El Othmani. “Lorsque j’étais chef du gouvernement, je ne prétends pas avoir réformé le Maroc. J’aurais aimé faire plus, mais tout de même, nous n’avons pas eu un passage incolore et inodore”, assume-t-il.
Dans un silence religieux, il abonde : “Quelle est la pertinence d’être à un poste à responsabilité et de ne laisser aucune trace positive, être comme une btana (peau de mouton) ? Il faut être dans une logique de réformes. On a réussi à contribuer à dépasser la crise du printemps arabe, aux côtés de Sa Majesté. Nous avons commencé d’importantes réformes comme celles des retraites, de la caisse de compensation, du droit de grève… et depuis que je suis parti, il y a une certaine confusion”. Il conclut son propos en conseillant à ses frères de “se ressaisir” pour “avoir un vrai rôle politique” dans l’avenir.
Leçon n°2 : monarchie et sacralité
Abdelilah Benkirane revient ensuite sur l’importance du système monarchique au Maroc. “De l’Histoire, nous avons hérité l’islam et la monarchie. Le Maroc est bâti autour de ces deux constantes”, indique-t-il.
“Sidna ne peut nous sommer d’aimer tout ce qu’il fait. C’est un humain, il avoue son humanité”
Et de remonter dans le temps : “ Ziane (secrétaire général du parti marocain libéral, ndlr) avait déclaré qu’il n’était pas d’accord avec la suppression de la notion de sacralité du roi.” Benkirane était pour, et affirme avoir “personnellement” demandé la suppression de cette idée, tout en insistant sur les notions de respect et d’inviolabilité du monarque.
L’ancien chef de gouvernement poursuit : “Je veux dire aux Marocains : si vous êtes en désaccord avec une question donnée liée à la politique du roi, c’est votre droit. Sidna ne peut nous sommer d’aimer tout ce qu’il fait. C’est un humain, il avoue son humanité.” Et de conclure : “La monarchie est primordiale, on ne devrait pas l’abandonner, quelle que soit la situation…”