En tant que citoyenne, en tant que femme, en tant que personne qui est attachée aux droits des femmes à disposer de leur corps et en tant que démocrate, je suis extrêmement triste pour elle, son mari et les médecins qui ont été condamnés.”C’est en ces mots que l’écrivaine, lauréate du prix Goncourt, s’est exprimée, à TelQuel, suite au verdict de l’affaire Hajar Raissouni. “Triste pour le Maroc”, elle l’est également pour les familles des accusés tant elle sait “à quel point cela peut briser des vies”.
“Hajar Raissouni est condamnée à de la prison pour une raison profondément injuste, qui a trait au corps et à ce qui relève de l’intime. Normalement, il me semble que s’il y a bien une chose dont on a le droit de disposer, c’est de son corps”, nous confie-t-elle.
Si elle évoque, en tant que citoyenne, des “lois profondément injustes”, elle constate que cette condamnation délivre un message “absolument terrible”, tant à la jeunesse qu’aux “600 à 800 femmes qui subissent des avortements clandestins”. “Cela peut entraîner des avortements encore plus cachés, faits encore plus dans la peur et donc des avortements encore plus dangereux.”
De quoi laisser la porte ouverte aux “voyous et faux médecins qui pratiquent des avortements terribles, dans des conditions ignobles. Ce sont eux qui vont finalement gagner dans cette histoire”, déplore-t-elle. Et de conclure : “Il ne faut pas croire que c’est parce que l’État condamne des gens que les femmes vont arrêter. Ça ne fait jamais plaisir à une femme d’avorter. Le message envoyé à ces femmes qui sont dans une situation de désespoir est absolument terrible.”