Tirs mortels à Casablanca : un policier arrêté pour “grave dépassement” dans l’usage de son arme

Un policier a été arrêté le 9 juillet au soir à Cabo Negro, annonce la DGSN. Il est suspecté d’avoir tué deux personnes à Casablanca dans la nuit de samedi à dimanche. L’enquête de la DGSN, appuyée par une vidéo de la scène, tend à prouver une bavure policière.

Par

DGSN

Présenté comme “suspect principal dans l’affaire des tirs d’arme de service ayant fait deux morts dimanche à Casablanca”, un inspecteur de police principal a été arrêté à Tétouan, dans la zone de Cabo Negro, le 9 juillet au soir, selon un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN).

Selon le document, il a été arrêté sur la base “des résultats des enquêtes qui ont suivi son implication dans de graves dépassements professionnels et juridiques durant l’usage de son arme de service, et après la décision de la DGSN de le suspendre de ses fonctions en attendant de le déférer devant la justice”. Il a été placé en garde à vue, avec six autres individus, également en garde à vue, suspectés de complicité directe dans cette affaire ou d’avoir trompé la justice et porté outrage à la police judiciaire en fournissant de fausses informations sur les circonstances de cette affaire, précise le communiqué.

Contactée par TelQuel, une source policière explique que parmi les six autres personnes placées en garde à vue,  on compte trois personnes “en état d’ivresse” qui accompagnaient les deux victimes, une personne qui a “poussé” une des victimes, ainsi que deux témoins qui ont fait de “fausses déclarations en faveur du policier lors de leur témoignage”.

Les versions contradictoires se sont en effet succédées après la mort par balle, dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 juillet d’un homme de 35 ans et d’une femme de 40 ans. Rapidement, la DGSN avait annoncé l’ouverture d’une “enquête judiciaire sous la supervision du parquer pour déterminer les circonstances ayant amené un agent de police à faire usage de son arme de service lors d’une intervention ce qui a causé la mort de deux individus.” À ce moment-là, les “premiers éléments de l’enquête” communiqués par la DGSN rapportaient qu’“un inspecteur de police principal de la brigade d’investigation relevant du district de police d’Anfa est intervenu pour interpeller quatre personnes en état d’ébriété, deux filles et deux jeunes hommes, présumés impliqués dans des activités criminelles et de possession par l’un d’entre eux d’une arme blanche”.

Face à une résistance farouche de la part des prévenus, le policier a été contraint d’user de son arme de service, tirant deux balles qui ont atteint mortellement un jeune homme et une fille parmi les mis en cause”, précisait le communiqué.

Mais cette version des faits a depuis été contredite par une vidéo, largement partagée sur les réseaux sociaux, et présentée comme étant la vidéo de la scène. Un responsable à la DGSN explique à TelQuel que “c’est la diffusion de cette vidéo, qui présente une partie de l’intervention, qui a permis de démontrer les graves dépassements du policier et de décider de sa suspension”.

Dans cette vidéo, la caméra, vraisemblablement celle d’un smartphone, filme en plongée un attroupement au milieu d’un carrefour. Plusieurs personnes s’invectivent et en viennent aux mains. Poussée par un homme corpulent depuis mis en garde à vue, une femme trébuche sur le corps d’un homme à terre. Au sol, elle reçoit des coups au niveau de la tête de la part du policier qui finit par la mettre en joue, à bout portant. Très vite, un coup de feu retentit, la femme est inerte, l’auteur du tir remet son arme à la ceinture.

Après l’apparition de cette vidéo, le 9 juillet, la DGSN annonçait que son directeur général Abdellatif Hammouchi, avait pris la décision “de suspendre de ses fonctions l’inspecteur de police principal relevant du district de sûreté d’Anfa à Casablanca, qui a usé de son arme de service dimanche dernier, tôt dans la matinée, lors d’une intervention sécuritaire, causant la mort de deux individus, et ce à la lumière des résultats de l’enquête menée dans le cadre de cette affaire.”

Selon une source autorisée à la DGSN, le policier était “en fuite depuis l’apparition de la vidéo”. Arrêté à Cabo Negro, il a été transféré à Casablanca et remis aux services préfectoraux de la police judiciaire. A présent, les éléments de l’enquête indiquent que les deux victimes et le policier “sont entrés en litige” avant le drame. “Il reste à déterminer les circonstances du litige,” explique notre source.