La morosité de l’économie nationale se confirme. Lors de la conférence de presse sur “La situation économique en 2019 et ses perspectives en 2020” organisée le 9 juillet, le Haut-commissariat au plan (HCP) a annoncé une croissance du PIB pour cette année de 2,7%, contre 3% l’année précédente. Une prévision qui s’explique par une campagne agricole 2018-2019 qui s’annonce moyenne pour la récolte de céréales. Celle-ci devrait atteindre 61 millions de quintaux, soit une baisse de près de 40% par rapport à la campagne précédente.
La valeur ajoutée non agricole enregistrerait pour sa part une hausse légère, passant de 2,8% en 2018 à 3,2%. Pour le secrétaire général du HCP Ayache Khellaf, le secteur non agricole pose “un problème particulier pour l’économie nationale, parce qu’il a du mal à redémarrer après la crise de 2008”.
Le déficit commercial continue à se creuser. Il devrait atteindre 18,7% du PIB, contre 18,6% l’année précédente. Pour le secrétaire général du HCP, “l’importation continue à répondre à la demande intérieure”, en l’absence d’une production nationale suffisante. “Il ne faut pas croire que l’industrie automobile est un pari pour l’avenir”, estime pour sa part Ahmed Lahlimi Alami, le patron du HCP.
Pour cette année, les exportations automobiles marocaines ont montré des signes de fébrilité, avec une baisse de 6,8% du chiffre d’affaires à l’export de Renault. “L’écosystème automobile est un écosystème international et non national, dont le centre est la R&D. Ils peuvent se replier vers d’autres pays à tout moment. Voyez ce qui s’est passé dans l’aéronautique avec Bombardier”, a averti Ahmed Lahlimi. “Notre défi doit être de transformer notre système de formation”, a-t-il insisté.
Alors que le déficit budgétaire pour l’année 2018 était de l’ordre de 3,7% du PIB, celui pour l’année 2019 atteindrait 4,5% du PIB sans les recettes de la privatisation de Maroc Télécom qui devrait faire baisser ce déficit à 3,6%. “Est-ce qu’on va continuer à privatiser pour réduire le déficit?”, s’est demandé Ayache Khellaf. “C’est vrai qu’il y’a un effort pour réduire le déficit, mais on voit bien qu’il y a un décalage avec la capacité des recettes ordinaires, qui se situent autour de 22% du PIB”, a commenté le secrétaire général du HCP. “Il y a aussi un autre problème au niveau du budget de l’État . On trouve d’autres dépenses qui sont incompressibles. Si l’Etat a réduit le compartiment des subventions, parce que c’était le plus facile à réduire, on voit que la masse salariale ne cesse d’augmenter. Et il y a aussi le service de la dette”, a-t-il expliqué.
La masse monétaire devrait pour sa part enregistrer un taux d’accroissement modéré, à 4,3% en 2019 au lieu de 4,1% en 2018. “On voit bien un problème de liquidité dans l’économie, puisque l’accroissement de la masse monétaire ne répond pas aux besoins de l’économie en termes de financement”, a expliqué Ayache Khellaf. “Il y a une dette intérieure du trésor qui n’a cessé d’augmenter. On doit se poser la question si l’État doit continuer à s’endetter dans le marché domestique, ce qui pose un problème pour le secteur privé. Le privé va-t-il trouver le financement adéquat pour ses opérations ?”, s’interroge le secrétaire général du HCP.
Selon les prévisions présentées par la Banque mondiale au mois d’octobre, la croissance devrait se situer autour de 3%, un chiffre proche des estimations du HCP. La loi de finances 2019 prévoyait, elle, une croissance de l’ordre de 3,1%.