Thé aux pesticides: La menthe de six régions présente un “risque sanitaire imminent”

Révélés par la presse, deux courriers adressés par l’ONSSA aux walis des régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et du Souss-Massa alertent sur la présence de pesticides dans la menthe produite au Maroc. Une “situation alarmante” qui présente un “risque sanitaire imminent” pour les consommateurs. Explications.

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Faut-il continuer à boire du thé à la menthe ? Les éléments communiqués jusqu’ici par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) sont de nature à en couper l’envie. Deux courriers adressés le 24 mai dernier par l’organisme public de contrôle sanitaire aux walis de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Souss-Massa-Drâa ont en effet signalé la “présence de résidus de pesticides dans la menthe destinée à la consommation”.

Les résultats d’analyses effectuées sur des échantillons au niveau national ont montré des “taux de non-conformité très élevés dus, soit à l’utilisation par les producteurs des produits chimiques non homologués ou à des taux de résidus élevés des produits homologués”, explique la direction régionale de l’ONSSA pour le Souss-Massa-Drâa dans sa correspondance au wali.

Le ton donné au courrier est encore plus inquiétant : “Devant cette situation alarmante, constituant un risque sanitaire imminent pour la santé du consommateur, une série de mesures seront mises en place”. L’ONSSA demande ensuite au wali du Souss-Massa “d’intervenir auprès des différentes autorités locales pour apporter l’appui nécessaire” à ses inspecteurs.

6 régions concernées

Depuis que les deux courriers ont été diffusés par la presse, le sujet fait beaucoup parler. Selon le directeur régional de l’ONSSA à Souss Massa, contacté par TelQuel, six régions, les principales qui font de la production de menthe, sont concernées. Il s’agit de Rabat-Kénitra, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Casablanca-Settat, Souss-Massa, Marrakech-Safi et Fès-Meknès. “L’ONSSA a ce qu’on appelle des plans de surveillance des circuits de distribution des produits végétaux primaires (NDLR, fruits, légumes, aromate…). Ces plans ciblent les produits de large consommation dans l’objectif de connaitre leur situation sanitaire. En fonction des résultats, on déclenche des plans de contrôle qui visent de leur côté à maitriser un risque sanitaire”, nous détaille le directeur régional Mohamed Zardoune.

Fin 2018, plusieurs plans de surveillance ont donc été lancés par l’ONSSA pour faire un état des lieux sur plusieurs produits cultivés au Maroc. Si la majorité d’entre eux “n’ont rien révélé de grave”, les résultats des plans de surveillance de la menthe “ont montré une utilisation de produits pesticides non homologués qui ne sont pas autorisés pour cette culture”, explique Dr Mohamed Zardoune. Des prélèvements d’échantillons ont été ensuite réalisés chez “certains agriculteurs”.

Dès qu’on a relevé l’utilisation des pesticides non homologués notamment, qui ne sont pas autorisés même à l’état de trace, on a fait ce qu’il fallait conformément à ce qui est prévu par la règlementation”, assure le directeur régional de l’ONSSA. Des PV d’infractions sont rédigés et les récoltes dans les parcelles concernées sont détruites. “Il y a des régions qui ont commencé la destruction, d’autres qui attendent toujours les résultats des plans de surveillance. Pour ce qui est de notre région, nous n’avons pas encore entamé l’étape de destruction. Nous attendons les résultats des prélèvements qu’on a refaits chez les producteurs. S’ils sont conformes, tant mieux, si ce n’est pas le cas, on procèdera à la destruction des récoltes concernées”, a-t-il ajouté.

Rappel à l’ordre 

Le directeur régional de l’ONSSA pour le Souss-Massa se veut malgré tout rassurant. “Cela ne veut pas dire que toute la menthe commercialisée au Maroc est impropre à la consommation, mais une partie des cultures où on a effectué des prélèvements est concernée. Et puis, il y a des résultats qui se sont avérés conformes à la règlementation”, poursuit le responsable. «Le Maroc exporte de grandes quantités de menthe qui sont conformes à la règlementation. Sur les quatre dernières années, nous n’avons eu aucun problème avec les pays de destination. Ce que nous faisons aujourd’hui est un rappel à l’ordre, un signal d’alerte pour les professionnels”, souligne Dr Mohamed Zardoune. Le responsable assure aussi que plusieurs actions ont d’ores et déjà été mises en oeuvre pour sensibiliser les producteurs sur les bonnes pratiques phytosanitaires et sur le contrôle des pesticides. “D’autres plans de contrôle seront lancés si nécessaire (…) avec des actions disant plus répressives à venir”, conclut-il.

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