Maâti Monjib a suspendu le 24 avril sa grève de la faim, 48h après l’avoir entamée. L’historien et professeur à l’Institut des Études africaines de Rabat protestait contre un avertissement pour absentéisme envoyé par « le secrétaire général du département du ministère de l’Enseignement supérieur ».
« J’ai décidé d’arrêter la grève de la faim, car je m’étais fixé 48 heures pour alerter sur cette situation aberrante où on m’accuse d’être absent depuis le 11 février alors que j’effectue de manière normale mon travail. Mais il n’a jamais été question que je dépasse les deux jours de grève de la faim, » nous explique Maâti Monjib.
Dans cette affaire, Mustapha Ramid est personnellement intervenu pour dissuader l’historien de suspendre sa grève de la faim. Dans la soirée du 23 avril, le ministre d’État chargé des droits de l’Homme a appelé Maâti Mounjib pour lui expliquer « qu’il a contacté le ministère de l’Enseignement supérieur pour avoir le cœur net sur cette affaire et les a appelés à se conformer à la loi, » nous indique l’historien.
Si aujourd’hui Maâti Monjib continue d’enseigner « de manière normale » à l’Institut des Études africaines, il ne sait pas si l’avertissement a été suspendu ou pas. « De toutes les façons, cette affaire est d’abord une manière de m’humilier. J’ai fourni à l’administration de l’Institut et au ministère l’ensemble des preuves attestant que je n’ai pas abandonné mon poste, » détaille-t-il. De plus, 19 personnes (professeurs, étudiants et employés administratifs) ont signé un document confirmant qu’il assure bel et bien son travail à l’Institut ajoute-t-il.
L’historien explique que « l’unique fois où je m’étais absenté, au mois de février, c’était parce que je me suis rendu à Paris pour prendre part le 13 février à la soutenance d’habilitation à diriger les recherches de la chercheuse Mounia Bennani-Chraïbi, en tant que rapporteur ». Et de poursuivre : « je ne comprends pas pourquoi on continue de me persécuter et de s’acharner sur moi, mais je continue à faire mon travail comme il se doit, car je n’ai rien à me reprocher ».
Le jour même de la suspension de sa grève de la faim, le procès de Mâati Monjib et de six journalistes ou activistes membres de l’Association marocaine du journalisme d’investigation a été ajourné au 24 juillet prochain. Ils sont poursuivis depuis 2015 pour, entre autres, « atteinte à la sécurité de l’État ». Ce n’est pas la première fois que le professeur en histoire politique entame une grève de la faim. En 2015, il avait refusé de se nourrir pendant 28 jours pour protester contre son interdiction de quitter le territoire.